Les vacances en camping-car ont longtemps été "stigmatisées" (professeur d'anthropologie)

Les amateurs de camping-car citent le sentiment de "liberté" comme leur principale motivation, mais ont longtemps été "stigmatisés", selon Hege Høyer Leivestad, professeure assistante d'anthropologie sociale à l'université de Stockholm, et auteure de "Caravanes: la vie sur roues en Europe contemporaine" (Bloomsbury, non traduit, 2018).

QUESTION: Pourquoi choisit-on le camping-car pour partir en vacances?

REPONSE: "Pour sa liberté! Pendant mes recherches, j'ai passé beaucoup de temps sur les terrains de camping avec ceux qui y vivent et ceux qui y passent, et ils donnaient tous la même réponse.

Le camping-car offre un potentiel de mobilité. Beaucoup de vacanciers y voient une façon de passer plus de temps au grand air, avec l'idée d'être +dehors et dedans en même temps+.

Parmi mes interlocuteurs, beaucoup avaient également des souvenirs d'enfance au camping. Un terrain offre une sociabilité particulière avec des gens partageant notre mode de vie et une sensation de sécurité. Le fait de dormir dans son propre lit provoque un sentiment d'indépendance et d'autosuffisance.

L'idée d'une mobilité sans barrières est fausse, bien sûr. Le camping-car est dépendant d'infrastructures comme les terrains de camping, des sanitaires et des ressources comme l'électricité et l'eau.

Et le camping sauvage est interdit dans de nombreux pays européens. On a souvent accès à une version plutôt +ordonnée+ de la nature".

Q: Comment l'usage du camping-car a-t-il évolué?

R: "Faire du camping ou dormir en camping-car est très connoté. Ca a été un choix de vacances très stigmatisé et ridiculisé dans le larges zones d'Europe, notamment au Royaume-Uni ou dans les pays nordiques.

Après la Seconde Guerre mondiale, le coût des automobiles a baissé et beaucoup d'Européens ont eu des vacances plus longues. C'est devenu un type de vacances apprécié des familles de la classe ouvrière. Il y a des différences selon les pays mais ce marqueur s'est souvent perpétué.

En Suède ou au Royaume-Uni, vous avez encore des émissions très cliché avec des gens autour d'un barbecue, sur un terrain de camping bondé.

Ca reste des vacances familiales, selon les études des entreprises du secteur. Dans les campings, il y a des couples de trentenaires et quadragénaires avec leurs enfants, et les générations au-dessus, des quinquagénaires ou des retraités qui peuvent passer beaucoup plus de temps dans leur véhicule.

Ce ne sont plus des vacances économiques: un véhicule de loisirs est extrêmement cher à l'achat! Mes interlocuteurs ont dépensé jusqu'à 80.000 euros dans leur caravane. Et on peut aussi beaucoup dépenser dans les campings, équipés de restaurants, de piscines".

Q: La pandémie a-t-elle changé les choses?

R: "Il y a une sorte de connexion entre les crises et le phénomène du camping-car. Les caravanes ont pu servir d'abri temporaire après la guerre au Royaume-Uni ou après l'ouragan Katrina aux Etats-Unis.

Le caravaning peut également se développer quand il est plus difficile de se rendre à l'étranger. Après la crise économique de 2008, les campings étaient pleins, mais les ventes de caravanes et de camping-cars avaient baissé. Le secteur est touché de façon inégale".

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