Les tarifs d'assurance encore amenés à augmenter l'an prochain

Le patron de l'assureur Maif, Pascal Demurger, a prévenu mercredi: "il y aura des augmentations" de primes d'assurance en 2026, une conséquence logique selon lui de la hausse des coûts des sinistres auxquels font face les assureurs.

Des augmentations tarifaires, "je pense qu'il y en aura d'une manière générale sur le marché", a déclaré le dirigeant mutualiste au micro de RTL, embarquant ainsi avec lui tous ses concurrents, du fait de la multiplication des événements climatiques qui "coûtent extrêmement chers".

Le coût total des catastrophes climatiques cette année n'est pas encore connu, mais les assureurs ont déjà dû piocher dans leurs coffres en raison de plusieurs événements majeurs comme les crues dans l'Ouest en janvier ou le cyclone Garance qui a traversé La Réunion fin février.

Ces catastrophes naturelles, renforcées par le dérèglement climatique, provoquent des sinistres principalement couverts par les assurances multirisques habitation (MRH) et dans une moindre mesure les assurances automobile.

Non seulement la fréquence et l'intensité de ces épisodes augmentent, mais l'équation économique pour les assureurs est compliquée par la hausse du prix des matériaux et de la main-d'oeuvre nécessaires aux réparations.

Les catastrophes naturelles expliquaient déjà le bond des tarifs cette année, mesuré entre 6% et 12% pour les assurances habitation par le cabinet Facts & Figures, via l'entrée en vigueur d'une "surprime" finançant le régime des catastrophes naturelles.

Le comparateur spécialisé lelynx.fr constate de son côté de premières augmentations tarifaires des primes d'assurance automobile comprises entre 4 et 5% mais n'a pas encore de visibilité du côté de l'assurance habitation.

Son directeur général Arthur Martiano, contacté par l'AFP, invite les particuliers à comparer les tarifs, tant le niveau d'augmentation peut varier d'un assureur à l'autre.

- Émeutes et assurance au rabais -

L'augmentation des prix, que les assureurs disent ne pouvoir éviter, pousse également une frange de la population à se tourner vers des produits d'assurance "low cost".

Inclusive, basique, essentielle... quel que soit le nom donné par les compagnies d'assurance, ces offres proposent des tarifs attractifs, mais associés à une moins bonne couverture et des franchises souvent plus élevées.

Sur RTL, le patron de la Maif s'est dit conscient que certains de ces sociétaires, même si cela restait "assez marginal", étaient "contraints de regarder tout leur budget et éventuellement descendent un peu en gamme en assurances".

L'assurance est un produit de première nécessité: elle est dans certains cas obligatoire, comme pour les véhicules ou pour les logements en location.

Le budget peut facilement dépasser le millier d'euros chaque année pour un ménage disposant de deux véhicules.

Ne pas s'assurer "représente un risque énorme pour les personnes qui commettent un dommage", prévient également M. Martiano. Sans assurance, certains sont parfois contraints de rembourser de leur poche un sinistre durant toute une vie.

M. Demurger a également mis en avant le coût croissant des émeutes urbaines dans les comptes des assureurs, à la veille d'une journée de grève pour laquelle le préfet de police de Paris s'est dit auprès de l'AFP "très inquiet" de la présence potentielle de casseurs dans le cortège syndical.

En 2024, les émeutes en Nouvelle-Calédonie avaient notamment coûté plus de 400 millions d'euros aux assureurs français.

"Oui, les émeutes coûtent cher. Et oui, à la fin, ce sont les assureurs, et donc, fatalement, les assurés, à un moment donné, qui doivent en payer le prix", souligne Pascal Demurger.

Certains élus et assureurs souhaitent la création d'un fonds "émeutes" sur le modèle de l'indemnisation des catastrophes naturelles pour mieux répartir le risque entre assureurs.

etr-bp/ak/LyS