Le groupe PS au Sénat va voter contre le projet de budget de l'Etat pour 2025 jeudi, a affirmé mardi à l'AFP son président Patrick Kanner, qui appelle le gouvernement à "faire bouger les lignes" dans la suite de la discussion parlementaire pour éviter la censure.
"En termes de coupes budgétaires, cela va toujours trop vite, cela va toujours trop fort. La répartition des efforts ne va pas dans le sens que nous souhaitons", a expliqué le sénateur du Nord à deux jours du vote solennel de la chambre haute sur le projet de loi de finances.
"Si on votait le budget, on serait dans la majorité. Si on s'abstenait, il s'agirait quasiment d'une forme de partenariat avec le gouvernement. La question qui se pose est celle de la censure", a ajouté l'ancien ministre, alors que le Premier ministre François Bayrou tente depuis plusieurs jours d'arracher des socialistes un engagement à ne pas le censurer.
Dominé par une alliance droite-centristes qui soutient le gouvernement, le Sénat devrait néanmoins adopter sans encombre le projet de budget jeudi après-midi. L'examen de ce texte, débuté sous le gouvernement Barnier et suspendu par la censure, a repris depuis la semaine dernière à la chambre haute, avec de nombreux coups de rabot proposés par le gouvernement, auxquels les socialistes se sont opposés.
Une fois adopté par le Sénat, le texte sera soumis à une commission mixte paritaire (CMP), sept sénateurs et sept députés chargés d'aboutir à une version de compromis. Cette CMP aura lieu le 30 janvier.
"La CMP sera le juge de paix. D'ici au 30 janvier, il y a la possibilité de faire bouger les lignes. Le budget ne sera pas bon, on le sait, mais on souhaite qu'il soit le moins mauvais possible", a martelé Patrick Kanner, qui met la pression au gouvernement en promettant que les parlementaires socialistes "continueront à se battre" pour "trouver des voies de compromis et éviter la politique du pire".
Ce conclave sera l'occasion pour le gouvernement d'intégrer diverses mesures concédées au PS ces derniers jours, comme par exemple le renoncement à la suppression de 4.000 postes d'enseignants.
Si la CMP est conclusive, le texte commun sera soumis aux deux chambres pour un ultime vote, avec l'utilisation possible du 49.3 par François Bayrou s'il craint un rejet du budget par l'Assemblée nationale. Une motion de censure devrait alors suivre dans la foulée.