Les délais de paiement, qui avaient connu ces dernières années une amélioration en France, se sont allongés avec la crise sanitaire à cause d'une très forte hausse de ceux des PME, selon la dernière étude du cabinet ARC publiée mardi.
Le retard moyen de paiement est passé de 10 à 13 jours entre 2019 et 2020, mais celui des PME a bondi de 10,9 à 18,6 jours, selon cette enquête annuelle réalisée auprès de 500 entreprises de plus de 50 salariés du 1er au 18 septembre par l'institut Ifop pour ARC.
Beaucoup de PME "ont totalement bloqué le paiement de leurs factures" depuis mars, a déclaré à l'AFP Denis Le Bossé, président de ce cabinet spécialisé dans le recouvrement de créances qui constate une "inversion de tendance".
Grâce aux prêts garantis par l'Etat (PGE), beaucoup d'entreprises ont pourtant "une trésorerie suffisante", affirme-t-il.
Invité par le cabinet ARC à réagir à cette étude, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a indiqué qu'il allait "réunir, secteur par secteur, les grandes entreprises donneuses d'ordres" afin de faire un état des lieux objectif de la situation.
"S'il faut mettre en place à chaque fois des médiateurs (...), nous le ferons", comme ce qui a déjà été fait dans l'aéronautique, a-t-il ajouté.
Pour remédier à un problème qui menace la survie des entreprises les plus fragiles, 84% des sociétés sont favorables à la création d'une notation +délais de paiement+ pour connaître le comportement de leur futur partenaire, selon l'étude.
Le ministre de l'Economie s'est dit "favorable" à cette idée, qui devra "être creusée, travaillée (...) quand la période sera un peu plus calme".
"On est dans un rapport de force mais qui n'est pas, comme on l'entend souvent, celui des grandes entreprises vis-à-vis des petites, mais qui s'étend à deux PME ou même à deux TPE" entre elles, d'après M. Le Bossé.
Seule une entreprise sur cinq ose ainsi réclamer les frais de relance prévus en cas de retard de paiement, le plus souvent "par crainte de détériorer la relation commerciale".
Les grands groupes se démarquent toutefois avec un retard moyen de paiement passé de 8,9 jours l'an passé à 8,1 jours cette année.
Ce sont les délais de paiement de ces groupes vis-à-vis des PME sous-traitantes qui se sont raccourcis de deux jours, tandis que les retards entre grandes entreprises se sont allongés de plus de trois jours.
Aujourd'hui, beaucoup de groupes font preuve de "solidarité économique", tout en craignant des "amendes administratives qui peuvent atteindre deux millions d'euros", rappelle M. Le Bossé.
Enfin, le comportement du secteur public n'a pas changé avec la crise, selon l'enquête, avec 55% des entreprises qui refusent de répondre à des appels d'offres par crainte d'impayés ou de délais de paiement trop longs.
"C'est totalement intolérable", a commenté M. Le Maire et "c'est d'autant plus important que nous avons devant nous des appels d'offres publics qui vont se chiffrer en milliards d'euros avec la relance", a-t-il souligné.