Les outils numériques, "symptômes" d'une dégradation des conditions de travail (étude)

Les outils numériques, utilisés par de plus en plus de salariés, amplifient la dégradation de leurs conditions de travail, selon une étude publiée mercredi par la Dares, le service des statistiques du ministère du Travail.

De 1998 à 2013, le nombre de salariés utilisant des outils numériques (ordinateur, téléphone portable, boîte mail professionnelle, internet et intranet) a augmenté de 20% (71% en 2013), avec des différences notables en fonction de la catégorie socio-professionnelle.

Les cadres sont 99% à utiliser des outils numériques en 2013 (contre 85% en 1998) alors que le taux chez les ouvriers est de 35% (20% en 1998) et de 64% chez les employés (51% en 1998).

L'étude s'attarde également sur le lien entre conditions de travail et utilisation des outils numériques en évitant cependant d'en déduire des causalités, "difficiles" à établir selon Amélie Mauroux, auteur de l'étude.

Les outils numériques peuvent avoir des "effets positifs ou négatifs sur les conditions de travail" en fonction de "la stratégie de l'entreprise", précise-t-elle.

Si une entreprise surcharge ses salariés, les outils numériques permettent d'emporter ce surplus de travail au domicile. Dans ce cas, les outils numériques sont plus un "symptôme" d'une charge de travail plus importante que "générateur de problèmes de conditions de travail", selon Mme Mauroux.

L'étude distingue les utilisateurs mobiles (ordinateur et téléphone professionnel portables, accès distant à la messagerie et au réseau de l'entreprise) et les utilisateurs sédentaires (accès aux outils numériques sur le lieu de travail).

Les utilisateurs mobiles représentent 16,9% des salariés, mais 52% des cadres se retrouvent dans cette catégorie. S'ils déclarent des charges de travail plus importantes (plus d'heures supplémentaires, plus de travail emporté au domicile) ainsi que des problèmes à concilier vie professionnelle et personnelle, c'est la catégorie qui a le plus fort degré d'autonomie et le plus fort sentiment de reconnaissance.

Les employés dans l'assurance, la banque et la comptabilité sont majoritairement représentés chez les utilisateurs sédentaires intensifs (connexion 7 heures ou plus par jour, 13,4% des salariés). Ils indiquent ressentir un fort sentiment de pression, des marges de manoeuvre limitées et un manque de reconnaissance.

Les utilisateurs sédentaires modérés (15,6% des salariés), connectés entre 3 et 7 heures par jour, estiment avoir une charge de travail importante, mais des marges de manoeuvre et pas de sentiment de pression. On y retrouve notamment les professionnels du droit et les fonctionnaires.

L'enquête a lieu tous les sept ans depuis 1984. En 2013, 26.036 salariés ont été interrogés. Une actualisation des données est prévue en 2020.

Poster un commentaire
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.
Déjà membre ? Je me connecte.
Je ne suis pas encore membre, Je crée mon compte.