Des familles, des personnes affectées par des problèmes de santé ou de nationalité étrangère: les ménages les plus fragiles s'appauvrissent, alerte jeudi le Secours catholique, qui observe un changement de typologie de ce public en France depuis 30 ans.
Le revenu médian des personnes accueillies par l'association a reculé au cours des dix dernières années: il s'établissait à 565 euros par mois en 2024, contre 658 euros en 2014, selon son rapport annuel.
Parmi ces bénéficiaires, près de 95% vivaient l'an dernier sous le seuil de pauvreté (60% du revenu médian, soit 1.316 euros pour une personne seule en 2024), soit +3 points par rapport à 2017. Ils étaient même 74% à vivre sous le seuil d'extrême pauvreté (40% du revenu médian, soit 877 euros en 2024), soit +11 points.
"Il y a 30 ans, la pauvreté était considérée comme insupportable et comme un problème contre lequel on devait lutter mais depuis les années 2010, les personnes précaires sont stigmatisées, souvent considérées comme assistées", dénonce auprès de l'AFP, Didier Duriez, président du Secours catholique, qui appelle à un "sursaut" politique.
"Si on ne fait rien, la situation va encore s'aggraver", prévient-il.
L'association, qui accompagne plus d'un million de personnes par an, explique qu'un nombre croissant d'entre elles se trouve sans ressources. En 2024, 25,7% survivaient grâce à "la débrouille" et à "la solidarité" de leurs proches et des associations, contre 10,1% en 1994.
La majorité (70%) de ces personnes sont de nationalité étrangère sans statut administratif stable (en attente de régularisation, débouté ou sans papiers), 10% étrangère avec un statut stable et 20% française. Elles sont souvent en situation d'errance.
Sur l'ensemble des ménages accueillis par le Secours catholique, les femmes sont légèrement majoritaires (56,5%) et ce, depuis 30 ans (+5 points).
Les familles (46,8%) sont sur-représentées par rapport à la population générale, en particulier les mères isolées (23,9%).
Le nombre de personnes étrangères a nettement progressé parmi les bénéficiaires, passant de 20% en 1994 à 52,7% en 2024. Une hausse "sans commune mesure" avec celle de la part d'étrangers en France sur la même période (de 6,1% à 8,2%), qui illustre le durcissement des "conditions d'accès à un titre de séjour".
Autre évolution: la pauvreté est davantage liée à des problèmes de santé ou de handicap. Près de 23% des bénéficiaires sont concernés en 2024, contre 15,3% en 1999. Il s'agit surtout de quinquagénaires français, vivant en milieu rural.