Les forêts en France captent moins de CO2 en raison des "crises sanitaires"

Les forêts en France captent moins de CO2 en raison des "crises sanitaires" dont elles souffrent, avec la sécheresse, la chaleur et les nuisibles, malgré le reboisement du pays, selon l'état des lieux de l'IGN publié mardi.

L'"Inventaire forestier national" 2025 fait état d'une mortalité annuelle des arbres de 0,6%, contre 0,5% dans celui de 2024. La mortalité a été de 16,7 millions de mètres cubes (Mm²) par an sur la période 2015-2023, soit 2,3 fois supérieure à 2005-2013.

"Aujourd'hui dans la forêt française, un arbre sur 20 est mort", a déclaré à la presse le coordinateur de l'observatoire des forêts de l'IGN, Antoine Colin.

Cette mortalité "est notamment due aux crises sanitaires liées à des conditions climatiques à la fois difficiles pour les arbres (sécheresses et températures élevées) et propices aux insectes xylophages, notamment les scolytes", écrit l'institut géographique public.

Les scolytes sont une large famille d'insectes qui creusent des galeries dans les arbres pour leurs oeufs. Les épicéas sont l'essence la plus touchée, l'IGN parlant d'"épidémie" d'abord arrivée dans le Grand Est, avant qu'elle ne s'étende ailleurs.

Un autre arbre à mortalité relativement élevée, le frêne, est quant à lui touché par la chalarose, maladie invasive causée par un champignon. Le châtaigner, autre espèce affectée, souffre aussi de maladies (chancre, maladie de l'encre) et de la sécheresse.

Les autres "pressions" sont les incendies, l'Aude ayant connu en août le plus grand feu de forêt en France depuis 1949, ainsi que la prolifération des mammifères, qui s'en prennent aux arbres les plus jeunes.

La France métropolitaine compte quelque 11,4 milliards d'arbres, qui tempèrent le changement climatique. Les forêts couvrent 17,6 millions d'hectares, soit 32% du territoire.

"Chaque hectare de forêt contient aujourd'hui en moyenne 82 tonnes de carbone dans ses arbres vivants, à comparer aux 73 tonnes en moyenne en 2009 (...) Mais si ce stock continue à augmenter, on observe depuis quelques années un ralentissement notable de cette dynamique du fait de la multiplication des crises sanitaires", selon les géographes.

Les forêts françaises dans l'ensemble ont séquestré 39 mégatonnes de CO2 par en 2015-2023, soit 38% de moins qu'en 2005-2013, selon l'inventaire forestier, réalisé à partir des données collectées sur cinq ans.

L'IGN estime que certaines forêts, celles où la mortalité est la plus élevée, principalement dans le quart nord-est, depuis la Thiérache jusqu'à l'Ain et au Morvan, en passant par les Ardennes, la Lorraine et le Jura, libèrent même plus de carbone qu'elles n'en séquestrent.

Le pays reste sur sa tendance au reboisement, qui dure depuis le milieu du XIXe siècle, et qui bénéficie aujourd'hui de la baisse des surfaces cultivées. "L'accroissement de la surface forestière est toujours soutenu, à hauteur de 90.000 ha par an. Cette extension concerne notamment la Bretagne et la zone méditerranéenne", note l'IGN.