Les efforts de réindustrialisation sous Macron taclés dans un rapport piloté par le RN

La commission d'enquête sur les freins à la réindustrialisation en France, pilotée par le Rassemblement national, a approuvé jeudi la publication d'un rapport qui tacle la politique de l'offre et les efforts de réindustrialisation des deux quinquennats d'Emmanuel Macron, et fustige les normes environnementales.

Pour son rapporteur, le député RN de Moselle Alexandre Loubet, il s'agit d'une "grande victoire à l'Assemblée nationale" pour son parti, a-t-il estimé devant la presse.

Après 54 auditions en quatre mois, de 47 personnalités dont de nombreux patrons et industriels, le rapport de la commission d'enquête sur les freins à la réindustrialisation formule 130 propositions pour encourager l'implantation d'usines en France.

Intitulé "bâtir la puissance industrielle: un défi français", il sera rendu public le 17 juillet.

Mais il n'a pas été endossé ni signé par le président de la commission, le député macroniste des Yvelines Charles Rodwell (EPR): celui-ci a invoqué des "différences fondamentales et irréconciliables" avec le rapport et son auteur.

M. Rodwell a accompagné le rapport d'un long avant-propos où il fait valoir ses propres priorités.

Les deux têtes de la Commission ont montré qu'elles pouvaient aussi être d'accord sur plusieurs constats.

"Nous sommes d'accord sur la nécessité de réformer le pacte Dutreil sur la transmission des entreprises", a ainsi cité Alexandre Loubet, élu d'un département, la Moselle, victime de la désindustrialisation depuis la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2013.

Sans dévoiler les détails, il a beaucoup insisté sur le besoin d'assouplir voire de supprimer les normes environnementales et climatiques, qu'il surnomme "impôts paperasses" ou "écologie punitive" accusée de "plomber la compétitivité des entreprises".

Entre autres, le RN prône la suppression de la Commission nationale du débat public (CNDP), l'organe chargé d'organiser le débat local lorsqu'un industriel veut ouvrir l'exploitation d'une mine de lithium ou une usine de produits chimiques.

Charles Rodwell de son côté a fait la liste de ses désaccords avec le rapport, portant sur les retraites, l'Europe et le climat.

Le financement d'une réindustrialisation ne peut se faire selon lui, que si le pays engage une réforme des retraites comportant un "pilier obligatoire de capitalisation", c'est-à-dire que l'épargne privée de plans d'épargne retraite serve à financer le développement des entreprises, mesure jugée "irresponsable" par Alexandre Loubet.

Sur les 130 propositions du rapport, "il n'y en a pas une seule qui ne manifeste pas un recul en matière environnementale, c'est une divergence majeure, je considère que nos objectifs industriels doivent être alignés sur nos objectifs climatiques" a ajouté M. Rodwell.