Les défis de l'approvisionnement de Mayotte, notamment en eau et produits de première nécessité

Après le passage meurtrier du cyclone Chido à Mayotte, transporteurs et entreprises de la chaîne alimentaire ont annoncé se mobiliser pour contribuer, sous la supervision des autorités nationales et locales, à un approvisionnement de l'île en eau et produits de première nécessité.

Acheminer, outre l'aide d'urgence, l'eau et les produits de première nécessité à Mayotte, victime du plus intense cyclone qu'il ait connu depuis 90 ans, Chido, et qui a fait selon un bilan toujours très provisoire 22 morts et 1.373 blessés, va être un défi d'ampleur.

Les autorités ont annoncé un "pont maritime civil" qui va démarrer dans la nuit au départ de la Réunion, avec 200 conteneurs attendus dimanche dans l'archipel meurtri, dont 88 d'eau.

Transporteurs et distributeurs entendent aussi se mobiliser pour assurer les "besoins vitaux" des habitants en eau et en nourriture.

- "Expéditions urgentes" -

Le géant CMA CGM, qui représentait en 2022 70% du fret desservant Mayotte, est "activement engagé dans la réception, la préparation et le chargement des colis humanitaires à bord du porte-conteneurs Onego Bora".

Le transporteur devrait "assurer plusieurs rotations maritimes entre La Réunion et Mayotte pour garantir la livraison rapide des biens de première nécessité", promet-il. Il prévoit d'envoyer sur place quatre autres navires stationnés dans la région, attendus d'ici le milieu fin de semaine prochaine.

Le transporteur aérien Air France de son côté observe auprès de l'AFP "qu'à ce stade les capacités cargo sont entièrement vendues jusqu'à Noël", mais que le groupe échange "avec les services de l'État pour prioriser des expéditions urgentes".

Les distributeurs alimentaires ne sont pas en reste, même si les supermarchés et leurs tarifs plus élevés qu'en métropole sont inaccessibles à de nombreuses bourses mahoraises.

Deux grandes enseignes nationales sont présentes sur l'île, via des partenariats: Carrefour et Intermarché, respectivement 2e et 3e distributeurs français, derrière E.Leclerc.

Carrefour est franchiseur du géant des outre-mer groupe Bernard Hayot (GBH), récemment ciblé par le mouvement contre la vie chère en Martinique, et qui détiendrait environ 40% du marché de la grande distribution à Mayotte, selon une source.

Dès dimanche, le PDG Alexandre Bompard avait annoncé sur le réseau social X le don par Carrefour de "50 tonnes de marchandises de première nécessité (eau minérale, riz, pâtes...) en coordination et avec le soutien de GBH".

Selon Carrefour mercredi, les denrées partiront jeudi par bateau de la Réunion.

- "Soutien concret et immédiat" -

De leur côté, les Mousquetaires/Intermarché ont un contrat d'approvisionnement avec la Sodifram, environ 60% du marché. Son patron Thierry Cotillard a annoncé mercredi "un don de 120 tonnes de nourriture" par Intermarché et Netto, "expédiées dès que possible par avion, en lien avec les autorités".

"Nos entreprises travaillent à apporter un soutien concret et immédiat à la population", a aussi indiqué la fédération patronale de l'agro-industrie, l'Ania, sur son compte LinkedIn.

Si les autres grands distributeurs ne sont pas présents sur l'île, certaines se mobilisent, à l'image de Coopérative U, 4e distributeur. "Nos magasins de la Réunion ont envoyé hier (mardi) un conteneur de produits de première nécessité, 40 palettes de farine, pâtes, riz, papier toilette...", a indiqué mercredi sur France 2 Dominique Schelcher, le patron du groupement.

"Il y aura d'autres actions de solidarité dans un deuxième temps, qui seront vues avec les autorités locales" de La Réunion et de Mayotte pour éviter la désorganisation et cibler les besoins spécifiques, a précisé un porte-parole de l'enseigne à l'AFP.

À noter que deux sources concordantes ont indiqué que des pillages ont eu lieu dans des points de vente locaux, mais un distributeur précise sous couvert d'anonymat que s'"il y en a eu lundi, depuis c'est plus calme avec le soutien des autorités".