L'examen du projet de budget de l'Etat pour 2025, suspendu par la censure début décembre, a repris son chemin parlementaire mercredi soir au Sénat, malgré les critiques d'une partie de la gauche qui reproche au gouvernement de ne pas repartir à zéro, dénonçant un "coup de force".
Le projet de loi de finances pour 2025, rejeté par l'Assemblée nationale en première lecture à l'automne, avait été mis sur pause par le renversement de Michel Barnier le 4 décembre, alors que la chambre haute, soutien de l'exécutif, était au coeur de la partie dédiée aux dépenses de l'Etat.
Le Sénat a donc repris l'examen là où il s'était arrêté, en commençant par la mission outre-mer.
Mais plusieurs voix, essentiellement à gauche, ont critiqué la méthode choisie par le gouvernement, qui a décidé de ne pas soumettre de nouveau texte, mais de repartir de la copie présentée par Michel Barnier et déjà débattue durant plusieurs dizaines d'heures dans les deux chambres.
"Nous assistons à un véritable coup de force contre la démocratie, contre le Parlement", a lancé la cheffe des sénateurs communistes Cécile Cukierman. "Ne pas vouloir débattre d'un nouveau projet de loi de finances, c'est mépriser les électeurs, mépriser profondément la représentation nationale", a-t-elle ajouté, assurant que les députés seraient "très certainement privés de tout débat budgétaire".
En effet, une fois que le texte aura achevé sa route au Sénat par un vote solennel prévu le 23 janvier, le gouvernement devrait convoquer une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept sénateurs et sept députés chargés de s'accorder sur un texte de compromis. Et s'ils y parviennent, ce texte finalisé repasserait certes devant l'Assemblée nationale pour un ultime vote, mais sans droit d'amendement pour les députés...
"Nous allons étudier un budget alors qu'un gouvernement a été censuré, que quatorze de ses ministres sont encore au gouvernement et que nous avons un nouveau Premier ministre qui est un soutien historique du président" de la République, a appuyé l'Ecologiste Thomas Dossus, fustigeant une "anomalie démocratique".
"Une réponse démocratique au vote de notre peuple est toujours possible. C'est de redéposer un nouveau projet et de le soumettre aux deux chambres", a prolongé le communiste Pascal Savoldelli.
Plusieurs parlementaires ont également regretté de voir leur droit d'amendement restreint. En effet, pour certaines missions budgétaires comme par exemple sur le budget des Outre-mer, le délai de dépôt des amendements avait expiré depuis début décembre.
"Comment pouvons-nous entamer la discussion alors qu'aucun d'entre nous n'a pu déposer d'amendements pour remédier au mieux à la catastrophe qui est arrivée à Mayotte ?", s'est désolée la sénatrice de La Réunion Evelyne Corbière Naminzo.