Les dauphins pourraient être attirés vers les filets de pêche par leurs proies, selon des scientifiques qui ont observé d'"étonnants" bancs de petits poissons très près du fond dans le Golfe de Gascogne, augmentant le risque de captures accidentelles.
"C'était une vraie surprise", a souligné jeudi à l'AFP Mathieu Doray, chercheur en écologie pélagique et halieutique à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).
"On n'avait jamais observé ces bancs très denses et très près du fond" auparavant, a ajouté le scientifique, qui participe au projet Delmoges, visant à acquérir de nouvelles connaissances sur l'origine des captures accidentelles de dauphins communs dans le Golfe de Gascogne.
Les scientifiques ont observé ces bancs de petits poissons pélagiques (sprats, sardines) durant l'hiver 2023 grâce à des survols aériens et à un drone de surface. Ces observations ont également permis de détecter, entre janvier et mars, plus de 3.000 mammifères marins dans le Golfe de Gascogne, dont 2.500 petits delphinidés, en grande partie des dauphins communs.
Vingt-cinq carcasses de delphinidés ont également été comptabilisées à la surface.
"On observe des captures de dauphins dans des filets à sole à moins d'un mètre du fond. On avait du mal à comprendre comment les dauphins pouvaient se prendre dans des filets aussi près du fond" alors que ces mammifères évoluent plutôt près de la surface, a expliqué M. Doray.
Les bancs "vraiment étonnants" de petits poissons observés l'hiver dernier étaient justement collés au fond, peu mobiles, sur plusieurs kilomètres de long dans la bande côtière, alors que ces poissons évoluent d'habitude entre deux eaux, à 10 ou 20 mètres du fond.
"Ça nous a mis la puce à l'oreille", glisse M. Doray.
Les chercheurs estiment qu'il pourrait s'agir d'un phénomène saisonnier, ces petits poissons étant moins mobiles en hiver faute de nourriture, ou alors d'une réaction d'évitement des prédateurs amenant les poissons à se tapir au fond de l'eau.
Les dauphins n'ont pas été observés directement en train de capturer ces proies au fond de l'eau mais "ce comportement alimentaire est ici déduit du croisement des données sur la distribution des poissons et le régime alimentaire des dauphins", selon un communiqué des scientifiques du projet Delmoges (Ifremer, La Rochelle Université, CNRS, Université de Bretagne occidentale).
De nouvelles campagnes devraient être menées jusqu'en 2025 pour essayer de mieux comprendre le comportement des dauphins dans le cadre de ce projet.