Plus de 2.600 postes d'enseignants n'ont, encore cette année, pas trouvé preneurs à l'issue des concours de recrutement, malgré une baisse du nombre de postes offerts dans les académies ou disciplines les moins attractives, confirmant une crise d'attractivité du métier qui perdure.
Sur les 27.713 postes proposés aux concours du public et du privé sous contrat cette année, 2.610 n'ont pas été pourvus, selon des données compilées par l'AFP à partir des résultats d'admission publiés sur la plateforme officielle Cyclades.
C'est moins que l'an dernier, où 3.975 postes n'avaient pas été pourvus selon ce mode de calcul (incluant l'ensemble des concours). Mais ce recul du nombre de postes vacants est essentiellement mécanique, dû à une diminution notable du nombre de postes affichés aux concours du primaire dans les académies traditionnellement déficitaires et dans les disciplines du secondaire les moins attractives.
Depuis trois ans, le recrutement d'enseignants connaît une crise inédite. En 2022, plus de 4.000 postes avaient été non pourvus au total, selon les chiffres du ministère de l'Education, provoquant l'émoi dans le monde de l'éducation et le recrutement d'un nombre plus important de contractuels.
Le ministère publiera vendredi un bilan des concours. Selon la méthodologie qu'il avait utilisée l'an dernier, excluant certains concours du premier degré, un peu plus de 3.000 postes n'avaient pas été pourvus en 2024.
Ils seraient 1.995 cette année, public et privé confondus, avec cette méthodologie (dont 1.715 dans le public).
- "tensions" dans des académies -
Selon le comptage de l'AFP incluant tous les concours, 2.330 postes sont restés vacants cette année dans le public, dont 1.141 dans le premier degré (maternelle et élémentaire).
C'est deux fois moins de postes vacants dans le primaire public qu'en 2024, mais en raison essentiellement d'une baisse du nombre de postes proposés aux concours dans les académies de Versailles, Créteil et de Guyane.
Malgré cela, ces trois académies et celle de Mayotte continuent à concentrer l'essentiel des difficultés: 475 postes non pourvus à Versailles, 382 à Créteil, 165 en Guyane et 94 à Mayotte.
Tout en reconnaissant des "tensions dans certaines académies", le ministère de l'Education a salué une "amélioration du rendement des concours" de professeurs des école, dans une déclaration à l'AFP.
"La ventilation des postes tient compte de plusieurs paramètres, parmi lesquels la démographie scolaire, le nombre d'inscrits et les capacités d'accueil propres à chaque académie", a-t-on ajouté de même source.
Dans le second degré public (collèges et lycées), 1.189 postes n'ont pas été pourvus selon le comptage de l'AFP, une amélioration par rapport à 2024 (1.575). Mais cela résulte là aussi d'une moindre offre aux concours des spécialités ayant du mal à trouver des candidats.
Matière emblématique des difficultés, les mathématiques comptabilisent près de 400 postes non pourvus, soit un poste sur cinq proposé aux concours. En physique-chimie, ce sont 103 postes qui n'ont pas été pourvus, contre 157 en 2024, une baisse majoritairement due à une diminution du nombre de postes proposés aux concours (-41).
- "signaux au rouge" -
"La crise d'attractivité perdure", a commenté auprès de l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré.
"Le ministère ne peut prétendre qu'elle décélère, puisqu'il a lui même organisé la baisse du nombre de postes disponibles, en particulier dans les disciplines déficitaires", a-t-elle ajouté. "Tous les signaux sont au rouge."
Pour le ministère cependant, ces chiffres montrent "une légère progression du taux de couverture global", et des "améliorations notables" dans "certaines disciplines déficitaires", comme la physique-chimie, l'espagnol ou l'allemand.
En allemand, 32 postes n'ont pas été pourvus, contre 119 l'an dernier, mais avec une grosse baisse des postes offerts. En espagnol, seuls neuf postes sont restés vacants, contre 33 l'an dernier.
Les résultats des concours confortent "le besoin de mener la réforme du recrutement et de la formation initiale, pour renforcer l'attractivité du métier", reconnaît le ministère.
Plusieurs fois annoncée, cette réforme a été relancée en mars, pour tenter d'enrayer la crise des vocations.
Principal changement, les concours enseignants passent de bac+5 à bac+3 et ce, à partir de la session du printemps 2026. A la rentrée 2025, de premiers modules préparatoires aux nouveaux concours seront instaurés.