Les compagnies aériennes redoutent de voir leur système de compensation d'émission de carbone mis en péril par des "taxes vertes" qui ne seraient finalement pas affectées à la réduction des émissions, a déclaré mardi le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata).
"Malheureusement, il y a un risque réel que (le mécanisme de compensation) Corsia soit fragilisé par l'empilement par des gouvernements" d'autres instruments de taxation carbone, a regretté Alexandre de Juniac au cours d'une conférence de presse téléphonique.
"Ils sont baptisés +taxes vertes+ mais nous attendons encore de voir un fonds quelconque qui soit réellement affecté à la réduction de l'empreinte carbone", a-t-il ajouté.
Le mécanisme mondial de compensation des émissions de CO2 Corsia (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation) a été adopté en 2016 par l'OACI, l'agence des Nations unies spécialisée dans le transport aérien, qui tient à partir de mardi et jusqu'au 4 octobre à Montréal sa 40ème assemblée triennale.
Le premier objectif de Corsia est de stabiliser les émissions à partir de 2020 (croissance neutre) et de les limiter à ce niveau d'ici 2035. A partir de 2021, les émissions de CO2 dépassant le niveau de celles atteintes en 2020 seront compensées par l'acquisition de "crédits de réduction des émissions de CO2" sur un marché alimenté par des secteurs d'activité qui réduisent leurs émissions. Jusqu'en 2026, l'adhésion au mécanisme est basé sur le volontariat.
En parallèle de Corsia, les compagnies aériennes et les constructeurs se sont fixé en 2009 pour cap de réduire de moitié en 2050 leurs émissions par rapport au niveau de 2005.
"Nous avons vu peut être le désespoir de jeunes, nous entendons les appels pour réduire les voyages par avion, voire même d'arrêter de voler. Nous affirmons qu'il est possible à la fois de voler et de réduire l'empreinte carbone", a poursuivi M. de Juniac en citant l'amélioration des avions, des moteurs ou encore la gestion du contrôle aérien.
Parmi les pistes les plus prometteuses pour baisser l'empreinte carbone de l'aviation, "l'élément clé" est selon M. de Juniac le développement de carburants propres qui permettraient selon lui, de faire baisser l'empreinte carbone de l'aviation "jusqu'à 80%".
La Suédoise Greta Thunberg, symbole international de la conscience climatique de la jeunesse et qui appelle au boycott de l'avion, a laissé éclater lundi sa colère devant les dirigeants mondiaux réunis à l'ONU en les blâmant pour leur inaction.