Les autres syndicats agricoles dénoncent les blocages de la FNSEA

La Confédération paysanne et la Coordination rurale, deux syndicats agricoles minoritaires, ont dénoncé lundi séparément les manifestations de la FNSEA estimant que les cultures de colza françaises seraient mieux utilisées dans l'alimentation humaine que pour faire du biocarburant.

Les agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs se sont lancés dimanche dans un mouvement de blocage des raffineries et dépôts de carburant pour protester contre l'importation de produits agricoles ne respectant pas, selon eux, les normes françaises et européennes, dont de l'huile de palme destinée à être utilisée par Total dans sa raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône).

"La FNSEA mobilise donc ses troupes pour défendre les intérêts du groupe Avril, concurrencé par le pétrolier Total, pour capter le marché des agrocarburants. Pour rappel, le groupe Avril importe par an 200.000 tonnes d'huile de palme quand Total à La Méde s'est vu autoriser par l'Etat la possibilité d'en importer 300.000 tonnes par an", indique la Confédération paysanne.

"Ce n'est pas en bloquant des raffineries que l'on sauvera les paysan-ne-s !", assure la Confédération.

Pour le syndicat, "transformer de l'huile de colza en agrocarburant est une impasse pour les paysans, dont le bilan environnemental s'avère calamiteux. La France transforme quasiment toute la production d'huile de colza en diester, ce qui fait que l'on importe de l'huile de colza pour la consommation alimentaire, alors même qu'il s'agit d'une des meilleurs huiles pour l'alimentation humaine".

La Coordination rurale a pour sa part décidé d'envoyer une quinzaine de ses membres au siège d'Avril, lundi matin, pour demander à rencontrer la direction.

Le syndicat "déplore qu'encore une fois les liens étroits entretenus entre la FNSEA et certains industriels ne viennent fausser le débat et servir des intérêts particuliers !", a-t-il indiqué dans un communiqué faisant allusion au "groupe Avril, par ailleurs leader mondial pour la production de semences de palmiers à huile, qui importe lui aussi massivement de l'huile de palme pour fabriquer du biodiesel!"

"Pourquoi ne pas ouvrir le débat à toutes les productions agricoles en bloquant plutôt les ports par lesquels transitent ces marchandises ?", s'est interrogée la Coordination, qui assure qu'elle "ne rejoindra les manifestations de la FNSEA que lorsque ce syndicat défendra uniquement les intérêts des agriculteurs".

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