Révolution en 2025 pour les auteurs de livres: ils pourront enfin connaître en temps réel et gratuitement leurs chiffres de vente dans toute la France, grâce à un outil que créent les éditeurs et les libraires.
La plateforme a été baptisée Filéas et, vendredi, l'organisation professionnelle de l'édition a annoncé la création de la société qui gérera cet outil de suivi.
Il répond à une revendication des auteurs. Ceux-ci doivent généralement attendre une "reddition des comptes" annuelle pour savoir combien d'exemplaires ils ont vendu, ce qui les laisse dans l'incertitude quant aux droits d'auteur qu'ils vont toucher.
À terme, quand Filéas aura atteint son potentiel, une romancière ou l'auteur d'un essai pourra constater, par exemple, si son passage à la télévision ou une polémique sur les réseaux sociaux a accéléré les ventes de son dernier titre. Ou tout simplement voir s'il démarre mieux ou moins bien que les précédents, sans devoir poser la question à sa maison d'édition.
Les débuts vont être plus modestes. Dans un premier temps, la plateforme va répercuter les données hebdomadaires, scrutées dans le secteur de l'édition, du cabinet GfK (groupe NielsenIQ), "partenaire privilégié de Filéas".
- "Indicateur quotidien" -
Considérées comme les plus fiables, elles sont des estimations des ventes à partir des chiffres d'un panel de libraires et autres commerces qui vendent des livres.
Filéas a annoncé dans un communiqué que, "dans un second temps", il offrirait "un indicateur quotidien construit à partir des données de ventes de tout acteur de la filière qui consentira à les apporter. Les données proviendront au démarrage de plus de 700 librairies".
Le nom de ces librairies et leur représentativité sur le marché du livre n'ont pas été précisés. Le nombre correspond toutefois à celui des adhérents de l'organisation professionnelle des libraires indépendants, le Syndicat de librairie française.
Les autres acteurs importants sur le marché du livre sont les grandes chaînes culturelles (Fnac, Espaces Culturels E. Leclerc, Cultura, etc.) et les sites internet.
Le plus connu d'entre eux, Amazon.fr, ne transmet aucun chiffre de ventes aux éditeurs. Le géant américain du commerce en ligne ne publie que son chiffre d'affaires global, tous rayons confondus.
Même sans cet acteur de taille, qui d'après les estimations contrôle un dixième du marché du livre en France, Filéas devrait rapidement convaincre les auteurs.
- "Société à mission" -
"Cet outil est attendu de longue date et il va permettre à chacun de ses bénéficiaires d'avoir une meilleure connaissance des ventes de ses titres", s'est félicité l'éditeur qui a été nommé président de Filéas, Alban Cerisier, cité dans un communiqué.
Les entreprises (éditeurs, diffuseurs et distributeurs) devront quant à elles payer un abonnement, modulé en fonction de leur chiffre d'affaires.
L'aboutissement du projet, en germe depuis des années, "nous paraît très important. C'est aussi un formidable signe de solidarité de la filière", a relevé le président du Syndicat national de l'édition, Vincent Montagne.
Filéas a pris une forme juridique particulière: celle d'une "société à mission", qui garantit la poursuite d'objectifs sociaux et/ou environnementaux.
Outre la transparence pour les auteurs, l'environnement fait partie des préoccupations qui ont incité le secteur à se doter de cette plateforme. Car plus les éditeurs connaîtront finement les ventes, plus ils éviteront le gâchis de ressources.
D'après Alban Cerisier, "Filéas sera aussi à l'avenir un formidable outil de pilotage et d'aide à la décision (...) pour mieux calibrer les retirages notamment".
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