Les personnes ayant vécu dans une situation de précarité à l'adolescence ont davantage de risque d'être pauvres une fois devenues adultes, selon une étude publiée lundi par l'institution France Stratégie.
Parmi les anciens adolescents précaires, presque un sur quatre est pauvre adulte, contre environ un sur dix chez les ex-ados non précaires, soit un risque de pauvreté 2,25 fois plus élevé, d'après cette étude réalisée sur un échantillon de quelque 5.500 adultes âgés de 30 à 54 ans en 2019.
À environnement familial comparable à l'adolescence (niveau de diplôme des parents, origine migratoire, type de ménage, etc.), le risque de pauvreté reste 1,6 fois plus élevé. Avec un risque encore plus important pour les femmes (1,9 fois par rapport à une femme non précaire à l'adolescence) que pour les hommes (1,2).
L'étude souligne néanmoins que "si près d'un ancien adolescent précaire sur trois a un niveau de vie parmi les 20% les plus faibles à l'âge adulte, 30% se situent parmi les 40% les plus aisés", témoignant ainsi d'une diversité des parcours, avec une possibilité d'ascension sociale.
Quelque 13% des adultes de l'échantillon étaient en situation précarité à l'adolescence, une situation liée au fait de subir au moins deux critères sur les quatre suivants: un sentiment de précarité financière, une incapacité à partir en vacances au moins une semaine par an, un manque quotidien de protéines et un manque de matériel scolaire.
Ces adolescents vivaient dans des environnements beaucoup moins favorables: mère souvent inactive, ménage monoparental, un parent absent ou décédé, famille nombreuse.
Des écarts importants sont aussi liés au fait d'avoir au moins un parent diplômé du supérieur (près de sept fois moins fréquent), d'avoir deux parents immigrés (plus de deux fois plus fréquent), ou d'être né à l'étranger.
La reproduction de la pauvreté s'explique notamment par les parcours éducatifs: près d'un ancien adolescent précaire sur quatre n'a obtenu que le brevet ou moins, contre un sur dix pour les autres. Ils sont également deux fois moins nombreux à être diplômés du supérieur.
Plus de six anciens adolescents précaires sur dix sont aujourd'hui employés ou ouvriers, contre environ quatre sur dix chez les autres.
Ils vivent plus souvent dans des ménages associés à un risque accru de pauvreté (ménage monoparental, famille nombreuse) et sont deux fois plus nombreux à vivre dans un logement surpeuplé.