Lepage: "nous sommes dans une ère de régression" écologique

L'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, qui avait appelé à soutenir Emmanuel Macron en 2017, estime jeudi dans une tribune publiée par Reporterre que la France est entrée avec lui "dans une ére de régression" écologique.

"Lorsque j'avais décidé à la fin de l'année 2016 de soutenir la campagne d'Emmanuel Macron, je ne l'avais pas fait en raison de ses convictions écologistes mais parce que je pensais sincèrement que son intelligence lui avait permis de percevoir la gravité des défis auxquels nous sommes confrontés", explique Mme Lepage.

"Malheureusement, je me suis trompée car la politique menée aujourd'hui par M. Macron est différente de celle de ses prédécesseurs, mais au mauvais sens du terme. Nous sommes en effet entrés dans une ère de régression d'autant plus dangereuse qu'elle s'accompagne d'une communication permanente et habile directement contraire à la réalité des choix qui sont opérés", poursuit-elle.

L'ancienne ministre ironise sur les "discours brillants" du chef de l'Etat et de Nicolas Hulot, "qui défend d'autant mieux une vision écologique du monde qu'elle concerne le très long terme et permet donc de passer sous silence les décisions catastrophiques et contre-productives qui sont prises".

"À ceci s'ajoute le fait que le ministre d'État s'est vu imposer de présenter lui-même comme de bonnes décisions les arbitrages qu'il a perdus, donnant ainsi le sentiment que plus personne ne défend l'environnement", fustige-t-elle.

Pour l'ancienne députée européenne, "les régressions sont patentes", que ce soit sur l'énergie, la pollution de l'air, l'agriculture bio, ou encore les perturbateurs endocriniens.

Elle fustige le "refus d'inscrire dans la loi l'engagement de sortir du glyphosate dans les trois ans", tout comme la remise en cause de la loi Littoral dans la loi Elan, sans compter des "décisions individuelles qui sont autant de décisions défavorables à la protection des ressources, de la biodiversité et de la santé humaine": usine Total de la Mède, usine Alteo...

Le plus grave pour l'avocate "tient sans doute aux atteintes multiples portées au droit de l'environnement, qui devient dans bien des cas une option et non une obligation. Au nom de l'expérimentation, il est désormais possible de s'affranchir des normes environnementales".

"Un quinquennat dure cinq ans. Il reste quatre ans pour changer de braquet, de direction et de sens", conclut-elle.

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