Le travail adapté doit "avoir sa part dans le plan de relance" pour APF Entreprises

"S'affranchir des effets pervers des crises" et que le travail adapté ne soit pas oublié dans le plan de relance sont les priorités de Serge Widawski, directeur général d'APF Entreprises, qui rassemble une cinquantaine d'établissements employant 4.200 personnes dont 3.800 en situation de handicap.

Question : Quelles menaces fait peser le Covid-19 sur le secteur du travail adapté?

Réponse : "Il y a plusieurs business modèles chez nous. Des entreprises sont en pure sous-traitance de grands groupes. Là, on subit directement le contre-coup des industries qui sont touchées. On est même les premiers touchés: il est plus facile de couper le petit cordon qui nous relie à ces grands groupes avant de toucher aux emplois directs. On s'évertue à développer de nouveaux modèles qui ne nous rendent pas trop dépendants de la santé des grands groupes. Une des stratégies développées est l'identification de start-up prometteuses avec des produits et services innovants auxquelles on apporte des infrastructures et du personnel compétent. On vient de le faire avec le +Masque inclusif+ (transparent, ndlr). On est en train de travailler aussi avec une autre start-up qui a créé un petit boîtier baptisé Uvo Care, capable de désinfecter en trois minutes les masques. On essaie de s'affranchir de tous les effets pervers des crises."

Q : Y a-t-il un risque d'amalgame entre personnes vulnérables et personnes handicapées?

R : "La généralisation est un risque. Mais on a un taux non négligeable de personnes handicapées qui sont considérées comme vulnérables au regard des critères Covid. Le travail pour beaucoup de personnes en situation de handicap est le lien social presque exclusif. Le fait d'être cantonné chez soi est une vraie douleur. Du point de vue de l'entreprise, cela nous touche car on a besoin de ces forces vives pour continuer l'activité."

Q : Qu'attendez-vous du plan de relance qui doit être présenté jeudi?

R : "Ce secteur doit avoir sa part dans le plan de relance. Je voudrais être sûr que cela reste une priorité pour l'État. Je ne parle pas des 300 millions d'euros déjà prévus. Quand on parle de soutien aux relocalisations, aux activités stratégiques, une quote-part est absolument nécessaire pour le secteur de la fragilité, de l'inclusion et du handicap en particulier. On n'a pas été consulté et les échos que j'en ai est que rien n'a été prévu dans ce sens.