Le Sénat aussi baisse le chauffage et éteint les lumières

Grosse écharpe enroulée autour du cou, pull ou fine doudoune glissée sous la veste: sénatrices et sénateurs, qui savent déjà s'équiper contre les courants d'air du Palais du Luxembourg, vont s'imposer de nouvelles mesures de sobriété énergétique.

Cette "sobriété exceptionnelle" actée jeudi par le Bureau du Sénat, le jour même de la présentation par le gouvernement de son plan de sobriété énergétique, s'appuie sur "les mêmes gestes que les gestes qui sont demandés aux citoyens", avait expliqué le président Gérard Larcher (LR) il y a quelques semaines.

La limite de température moyenne de chauffage sera ainsi fixée à 19°C dans tous les locaux, des bureaux à l'hémicycle, en passant par les vastes salles de réunion ou l'imposante salle des Conférences de près de 650 m2. "Nous ne garderons pas de chauffage d'appoint", prévient le questeur Vincent Capo-Canellas (centriste), chargé de la gestion de l'institution.

Pour l'éclairage extérieur -Dôme Tournon, Fontaine Médicis récemment remise en beauté, expositions sur les grilles du jardin -, extinction des feux dès 21H30, y compris les jours de séances nocturnes.

Mais avec une facture de 1,5 million d'euros par an (y compris les annexes et le Musée du Luxembourg), le Sénat n'a pas attendu la crise énergétique pour prendre des mesures de sobriété.

Une délégation chargée du développement durable a ainsi été confiée il y a deux ans à la vice-présidente PS Laurence Rossignol.

Après un bilan par un cabinet indépendant, un plan d'actions a été défini autour de deux objectifs: atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2040, grâce à une réduction des émissions de gaz à effet de serre et par un mécanisme de compensation; et faire du Sénat en 2026 une institution "zéro plastique, zéro gaspillage, zéro déchet".

- "Pas un palais endormi" -

Le bilan environnemental est actualisé tous les ans.

"Ce n'est pas un palais endormi", souligne M. Capo-Canellas, qui rappelle la nécessité de concilier "l'exigence environnementale" et "le devoir de conservation de bâtiments anciens". Le Sénat accueille chaque année plus de 250.000 visiteurs, généralement très impressionnés par la magnificence du lieu.

"Il s'agit aussi de faire des travaux en milieu occupé: le Parlement doit être en situation de siéger à tout moment", ajoute-t-il.

En matière de chauffage, des "efforts ont été réalisés sur beaucoup d'installations", indique-t-il, citant l'exemple de deux bâtiments de la rue Vaugirard, où les travaux de rénovation vont permettre de réduire de 75% la consommation énergétique.

Côté éclairage, "50% des locaux sont couverts par des éclairages à LED, et nous allons continuer", poursuit le questeur.

L'éclairage de l'hémicycle a été complètement rénové l'année dernière, un exercice complexe, mais qui a induit une réduction de 53% de la consommation.

Les fenêtres sont aussi changées progressivement, telle la fenêtre centrale de la bibliothèque que coiffe le "Cul de four" de Delacroix. Une soixantaine ont été remplacées ces dernières années au profit d'un double-vitrage isolant, et le programme va être accéléré.

"Ce sont des fenêtres anciennes, nous avons des contraintes patrimoniales", souligne-t-il. Un million d'euros a été investi entre 2013 et 2021 sur ce seul poste.

Actuellement, la façade Est du palais, qui fait face à la Fontaine Médicis, est entièrement dissimulée derrière des échafaudages qui tutoient le ciel. Toutes les huisseries seront modernisées et des gains énergétiques sont en particulier attendus de la réfection de la toiture.

Les déplacements hors Palais du Luxembourg sont un point de vigilance majeur pour le bilan carbone

Lorsque le Bureau autorise un déplacement d'un groupe d'amitié ou autre délégation, le coût carbone est systématiquement communiqué. "Une opération vérité" dans un premier temps, avant la fixation d'objectifs. "Il faut quand même faire attention: un Parlement qui serait entièrement enfermé chez lui, ça ne serait pas envisageable non plus", relève M. Capo-Canellas.

Pour les déplacements nationaux ou proches, la règle est de privilégier le train.

"La problématique du coût de l'énergie nous invite à faire en sorte que nous soyons encore plus exemplaires", affirme le questeur.