Le Sedif, premier syndicat des eaux de France, a annoncé jeudi sa décision de "poursuivre" son vaste projet de traitement par filtration de l'eau à 870 millions d'euros, estimant qu'"aucune recommandation n'impacte le projet" à l'issue d'un débat public de trois mois consacré au sujet.
Le syndicat des eaux d'Ile-de-France, qui rassemble 133 communes autour de Paris, souhaite installer une nouvelle technique de traitement dans ses trois principales usines d'eau potable, qui alimentent plus de quatre millions d'usagers.
Cette technologie de filtration par membranes "haute performance" qui équipera les usines de Choisy-le-Roi, Neuilly-sur-Marne et Méry-sur-Oise, nécessitera leur raccordement au réseau électrique à très haute tension (225.000 volts), avec pour objectif une eau "pure" (en réduisant la présence de micropolluants), "sans chlore" et "sans calcaire".
"Aucune recommandation n'impacte le projet membranaire: le cahier des charges de la consultation prenait déjà en compte les problématiques posées en matière de traitements des rejets avec des justifications détaillées à apporter quant au niveau des rejets", a estimé le Sedif.
Soumise au vote, la poursuite du projet a été votée à mains levées à une très large majorité, avec seulement trois voix contre et quatre abstentions sur 85 votants, a constaté l'AFP.
Lors du débat public obligatoire, la question de "l'impact environnemental global" du projet a été soulevée, compte tenu du fait que le projet devra prélever 15% d'eau supplémentaire et rejeter dans les eaux de surface un "concentrat" issu de la filtration, fort en micropolluants et matières organiques.
"Quantitativement (en termes de bilan massique), le concentrat contient indéniablement moins de substances polluantes que celles de l'eau brute prélevée dans la ressource (...) car celles-ci sont traitées en partie sur des étapes de traitement des usines actuelles", a estimé le Sedif dans un rapport détaillant ses réponses aux recommandations et demandes de précisions du débat public.
Affirmant sa volonté de "traiter ces concentrats", il reconnaît cependant qu'à ce jour, "aucune solution technique, à un coût supportable, n'a été trouvée".
Une trentaine de militants d'Extinction Rébellion ont manifesté aux abords de l'usine de traitement de l'eau de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) où se tenait la réunion du Comité du Sedif, pour dénoncer la "menace" que représente la technologie que le Sedif envisage de mettre en oeuvre en termes de "polluants rejetés dans la Seine en aval du système" et le caractère énergivore du système.