Le secteur des canettes de boisson "pas contre la consigne", mais "vigilant"

Le secteur des fabricants de canettes n'est "pas contre la consigne", mais a exprimé mardi sa "vigilance" face à d'éventuelles "distorsions de concurrence", avant la présentation début juillet de la loi anti-gaspillage.

"On n'est pas contre la consigne, on sait qu'il est possible (...) que la canette puisse demain y être associée", a déclaré le délégué général du groupement Boîte Boisson, Sylvain Jungfer, lors d'une conférence de presse.

Dans le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, qui sera présenté début juillet, le gouvernement prévoit le retour de la consigne dans des conditions qui n'ont pas encore été précisées.

Dans cette perspective, les industriels du secteur (producteurs de canettes et fabricants d'acier et d'aluminium) expriment "trois points de vigilance très importants", a-t-il ajouté.

En premier lieu, le secteur des canettes met en garde contre une possible "distorsion de concurrence", si tous les matériaux n'étaient pas concernés par la consigne, qui entraîne un coût supplémentaire à l'achat.

Pour la bière par exemple, le verre représente 72% du marché, contre 26% pour les canettes. Une consigne qui ne toucherait que les emballages métalliques présenterait pour les canettes "des vrais risques de perte de volumes", selon M. Jungfer.

Le groupement Boîte Boisson demande ensuite une "modulation du prix de la consigne en fonction des formats des emballages boisson".

Selon ses calculs, une consigne qui serait fixée à 15 centimes quel que soit le contenant, se traduirait par un surcoût de 12% pour une bouteille plastique de 1,5 litre, mais de 33% pour une canette métal de 33 cl.

Les fabricants de canettes plaident aussi pour l'installation d'"automates à consigne dans un maximum de lieux de consommation".

"Il faut que l'ensemble des consommateurs puissent rendre leurs canettes au plus près de chez eux", a souligné la présidente du groupement Sandrine Duquerroy-Delesalle.

Selon une enquête réalisée en mars pour La Boîte Boisson, près de la moitié de Français (48%) jugent "contraignante" la consigne avec caution, alors que le tri sélectif est vu comme "moins contraignant", a indiqué M. Jungfer.

La secrétaire d'Etat à la Transition écologique et solidaire Brune Poirson installera mercredi à Strasbourg le comité de pilotage chargé de la mise en oeuvre de la consigne.

Mme Duquerroy-Delesalle a annoncé des résultats positifs pour la canette qui a enregistré une "très bonne performance" au premier trimestre 2019 en France avec "une accélération" de la croissance du marché.

L'activité a progressé de 2,2% en volume de canettes et de 6% en valeur sur les trois premiers mois, contre une petite hausse de 0,1% en volume et de 1,3% en valeur en 2018.

Le marché a notamment été tiré par la progression de la vente des soft drinks, avec des produits comme le thé glacé, les "energy drinks", la limonade ou les boissons sportives.

En Europe, il s'est vendu 69,3 milliards de canettes en 2018 (+3%). Dans le monde, il s'en est vendu environ 335 milliards (en hausse de 2% à 4% en moyenne par an sur 5 ans).