"On se rappelle plus des sauvetages que des médailles": le sauvetage côtier, qui organise ses championnats de France à Hossegor (Landes), est un sport avant tout destiné à sauver des vies en mer.
Parmi les 700 participants réunis pendant quatre jours jusqu'à samedi, on trouve des sauveteurs à l'année ou saisonniers, mais aussi de simples passionnés de ce sport (six épreuves individuelles comme le sprint, la nage, le surf ski (kayak), la planche de sauvetage... et les relais) qui a vu le jour en Australie en 1902.
"Notre vocation ultime est de sauver des gens, d'aller les chercher rapidement dans l'eau, les sortir et les mettre rapidement en sécurité", rappelle Hervé Bouhineau, président du club Hossegor Sauvetage côtier, organisateur de la compétition.
L'essentiel des concurrents vient des clubs de la côte sud Atlantique, dont les précurseurs Hossegor et Lacanau (Gironde), créés tous les deux en 1994. Ils sont rompus aux dangers de l'océan, notamment les "baïnes", ces courants qui se créent autour des bancs de sable, difficiles à appréhender et à reconnaître; ou les +shorebreak+, ces vagues qui se cassent au bord de la plage.
Mais on trouve aussi des Sétois, des Toulousains, des Bretons et mêmes de vrais +terriens+ qui s'entraînent en piscine ou sur des plans d'eau, sans vagues ni baïnes.
- "Une course de dingue" -
Anne, 50 ans, licenciée à Saint-Brévin (Loire-Atlantique), vient d'achever son +Ocean man+, l'épreuve phare du sauvetage côtier qui mêle nage, planche et surf ski avec une transition en course à pied. Avignonnaise de résidence, elle s'entraîne en piscine avec les triathlètes du Pontet (Vaucluse) ou à l'École de sauvetage côtier de Marseille.
"Il n'y a pas de baïne en Méditerranée, explique-t-elle. On en entend parler à la télé ou à la radio mais nager dedans, c'est horrible. C'est une course de dingue, il y a tellement de courant, on lutte pour passer la bouée, on est obligé de s'accrocher à elle. Imaginez un sauvetage dans ces conditions! Je finis comme une crêpe".
Olivier, 53 ans, caviste à Rennes et licencié au Breizh Sauvetage Côtier, en termine avec le surf ski. "Je me suis pris au jeu en suivant mes enfants qui faisaient du sauvetage. Avant je faisais de la planche à voile et du dériveur, là, c'est pluridisciplinaire. Ça grandit, ça véhicule des valeurs humaines, des valeurs d'entraide. Ça n'a rien à voir avec la tenue d'un poste de secours".
- Pédagogie et prévention -
"Comparer sauvetage côtier et Pamela Anderson (l'actrice américaine qui jouait dans la série télévisée Alerte à Malibu, ndlr), c'est péjoratif", glisse Philippe, juge officiel de la compétition originaire de Biarritz. "On est là pour former des jeunes à devenir secouriste. Aujourd'hui, 50% des MNS (maîtres nageurs sauveteurs) viennent du sauvetage côtier".
Julien Lalanne observe ce petit monde. Issu lui aussi du côtier - il a vécu en Australie et a été champion d'Europe - il est responsable de la surveillance des plages d'Hossegor et ne voit "que des avantages à s'entraîner à l'année sur les plages".
Connaissance parfaite de l'environnement et du danger, condition physique au top, la discipline suppose aussi "un petit supplément d'âme". On pratique ce sport "pour être le meilleur, le plus rapide, avoir des médailles mais surtout pour aller sauver des gens et des vies. À la fin, on se rappelle plus des sauvetages que l'on a faits que des médailles", assure ce chantre de la pédagogie et de la prévention.
Durant l'été 2021, 394 personnes sont mortes de noyade en France, selon des chiffres publiés fin juin par Santé publique France (environ 1.000 au total sur l'année). La moitié des noyades accidentelles a lieu en mer mais un quart seulement y sont mortelles, une proportion bien moins élevée qu'en plan d'eau ou en cours d'eau, où la surveillance des baignades est moindre, voire inexistante.
"Les accidents les plus dramatiques se déroulent dans les endroits qui ne sont pas surveillés ou sur des horaires où il n'y a pas de sauveteurs", souligne Julien Lalanne.