Le sauvetage côtier sportif, discipline "citoyenne" en plein essor sur la côte aquitaine

Natation, course, secours de victimes au large: le sauvetage côtier sportif gagne toujours plus de licenciés, grâce à une médiatisation accrue et à une population littorale en hausse depuis le Covid.

Parmi les 70.000 licenciés de la Fédération française de sauvetage et secourisme, ils sont désormais entre 10 et 15.000 à pratiquer le sauvetage sportif. Cet "essor" est lié en partie à l'installation sur la côte landaise ou basque de nouveaux arrivants, pour certains peu connaisseurs de l'océan, selon Julien Escande, vice-président du Hossegor Sauvetage Côtier, dans les Landes.

Carole, 47 ans, assise sur sa serviette de plage en attendant la fin de l'entraînement, acquiesce. "On a déménagé de Toulouse et la première chose que j'ai faite en arrivant, c'est de me renseigner sur le sauvetage côtier, parce qu'il était inconcevable que mes enfants aillent dans l'océan sans le maîtriser".

Depuis le Covid-19, le littoral Atlantique, entre le Morbihan et la Nouvelle-Aquitaine, a gagné entre 2 et 10 % de population, selon une étude de la Fondation Jean-Jaurès de 2024, fondée sur des données de l'Insee.

Les apprentissages englobent le maniement des planches, la course, les gestes de secours, mais aussi la lecture des vagues et des courants ou la connaissances des phénomènes marins comme les vagues de bord (shorebreak) ou les baïnes, ces courants d'arrachement qui emportent les baigneurs au large.

En 2023, les baïnes ont fait 14 morts sur le littoral atlantique, selon un bilan de la préfecture maritime.

"On leur apprend aussi à passer une alerte, à aider les gens en difficulté et à savoir appeler les secours", précise Cyril Dorado, 43 ans, éducateur sportif au sein du Biarritz Sauvetage Côtier.

- Le loisir avant la compétition -

Davantage que des sauveteurs, les enfants sont selon lui des "citoyens" qui apprennent "des bases de secourisme que beaucoup de parents ne connaissent malheureusement pas".

Le club biarrot est le plus important de la discipline sur la côte atlantique. Avec 1.800 licenciés, dont 700 pratiquent le sauvetage sportif - près des deux tiers sont des enfants -, il emploie 8 salariés. Vieux de trente ans, il a connu une "explosion" des inscriptions ces dernières années, désormais stabilisées.

"Dans les différentes villes aux alentours de Biarritz, d'autres clubs se sont formés", précise Cyril Dorado.

Gauthier Philaire, président du club d'Hossegor constate aussi que ce sport marin "touche de plus en plus de monde". "Je pense vraiment qu'on est encore au début de cette activité", ajoute-t-il, lorgnant l'éventualité d'une possible inscription de la discipline au programme olympique lors des JO-2032 à Brisbane, en Australie, pays vitrine de ce sport.

La partie compétition représente en réalité une petite portion des pratiquants. "Dans notre club, on a 90% des licenciés qui font du sauvetage sportif en loisir, comme s'ils allaient faire un tennis", souligne Cyril Dorado.

"On fait des champions, mais on fait surtout des enfants à l'aise dans l'eau, pour les protéger et sécuriser nos plages. Beaucoup deviennent ensuite sauveteurs et sont un vivier de recrutement pour la surveillance des plages landaises l'été", abonde Julien Escande.

Lui milite même pour que la discipline soit intégrée aux activités scolaires, "surtout sur les zones côtières", comme un "passage obligé" pour les enfants. "On va peut-être y arriver en démocratisant ce sport, on pourra toucher des publics qui ne sont pas proches de l'eau", espère Julien Escande.