Le réflexe anti-écolo ("backlash") a "une résonance au centre" et au parti Renaissance, alerte l'eurodéputé Pascal Canfin, chargé avec l'ancien secrétaire général à la planification écologique Antoine Pellion d'une mission sur le sujet par le président du parti Gabriel Attal.
Avec pour ambition de réaffirmer l'importance du sujet en interne comme en externe, mais aussi de porter "l'attaque contre l'extrême droite".
QUESTION : Gabriel Attal vous a confié une mission, votre rôle va être d'aboutir à une doctrine pour Renaissance ?
REPONSE : Il s'agit d'aboutir à une mise à jour de la doctrine. On n'a heureusement pas attendu 2025 pour avoir des idées. Mais compte tenu de l'évolution du monde, des tensions géopolitiques, des enjeux de souveraineté plus forts qu'avant, et surtout compte tenu de la tension autour des politiques environnementales, que ce soit en France ou en Europe, largement instrumentalisée par l'extrême droite, et une partie de la droite, il faut renouveler notre argumentaire, nos analyses.
L'argumentaire ne doit plus être tourné vers ce qui a trop longtemps été une sorte de débat entre Verts et ONG d'un côté, et la macronie de l'autre. On veut sortir de ce débat qui n'a aucun intérêt pour aller sur le terrain de l'attaque contre l'extrême droite. Contre son incohérence.
Le RN veut faire 20 EPR, mais il est en même temps contre l'électrification de la voiture. Alors qu'en France, la voiture électrique, c'est la voiture nucléaire. Le RN est contre la décarbonation de notre industrie. Si on ne décarbone pas notre industrie, on reste au gaz et on ne passe pas à l'électricité.
Et on ira sur d'autres terrains pour aller contrer ce "backlash" anti-écologiste.
QUESTION: Mais ce "backlash", est-ce qu'il n'est pas présent aussi chez vous ?
REPONSE: Le "backlash" a une résonance au centre. Bien sûr. C'est pour ça d'ailleurs que Gabriel Attal a choisi l'écologie comme l'un des thèmes de nos conventions. Pour réaffirmer l'importance du sujet pour Renaissance, à un moment où certains sont fragiles. Ou certains peuvent se dire +bon le vent a tourné, donc moi aussi+. Non !
Aujourd'hui Bardella, sa cible numéro un, c'est plus les migrants, c'est le pacte Vert. Il y a donc une instrumentalisation, une recherche de polarisation maximum de la part de l'extrême droite qui est souvent rejointe par Les Républicains.
On a chez nous des enjeux de réaffirmation de la réalité, des enjeux liés au dérèglement climatique, de la souveraineté liée au fait de supprimer ou réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Et ce sont des enjeux de compétitivité aussi : le prix du nucléaire et du renouvelable on est capable de le maîtriser. Sur le prix du pétrole et du gaz, on ne maîtrise rien.
QUESTION : Certains de vos députés ont voté en commission pour supprimer les zones à faibles émissions...
REPONSE : Oui. Et il y a des abstentions de la gauche aussi. C'est une bataille culturelle et une bataille politique. Il ne faut pas reculer, il ne faut rien céder. Et ça n'empêche pas d'ajuster des règles.
Ce qui est grave, c'est de reculer sur les fondamentaux, de reculer sur la science, sur les objectifs de moyen terme, ou sur le narratif d'ensemble. Parce que vous êtes à ce moment-là sur la défensive, alors qu'il faut reprendre l'offensive.