Le secteur du recyclage en France, après un rebond spectaculaire post-Covid, a exprimé mardi sa préoccupation pour 2022 et 2023 face à l'impact de la crise énergétique sur ses clients et son activité.
L'an dernier, le chiffre d'affaires de la filière avait crû de 42% sur un an, à 10,8 milliards d'euros, au-delà de son niveau de 2019, du fait d'une hausse des volumes traités mais surtout des prix meilleurs liés à une reprise de la demande, selon l'observatoire annuel 2021 publié mardi par la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec).
Quelque 41,6 millions de tonnes de matières premières issues du recyclage ont ainsi été produites, qu'il s'agisse de métaux, papier, verre, plastiques, textiles... Le nombre d'emplois a crû de 4,9%, à 32.600, répartis dans plus de 3.600 structures.
Mais 2022 s'annonce plus "compliquée" et contrastée selon les matières, avec des cours "à des niveaux jamais atteints pour certaines matières en 2021 et qui ont connu des chutes abyssales en 2022", comme les filières papiers-cartons, plastiques, métal...
"La crise de l'énergie vient tout bouleverser", constate le directeur général de Federec Manuel Burnand: en premier lieu car les clients du recyclage, notamment l'industrie lourde très énergivore, ont réduit leur demande.
Pour les plastiques, le contexte est actuellement plus favorable à la matière vierge, basée sur du pétrole proportionnellement moins cher, qu'au recyclé.
Et les usines de recyclage, qui ont besoin surtout de courant pour fonctionner, sont elles-mêmes directement "pénalisées par la hausse des prix de l'électricité", avec des factures souvent multipliées par quatre voire plus et des échéances prochaines de renouvellement de contrats, explique encore M. Burnand.
"Le prix de l'électricité peut ainsi doubler le coût de la transformation des déchets métalliques en produit recyclés", relève-t-il, évoquant "un niveau d'incertitude élevé" pour la suite.