Le réaménagement de l'aéroport de Nantes se profile, au grand dam des riverains

Le 17 janvier 2018, le gouvernement tournait la page de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et annonçait dans le même temps le réaménagement de Nantes-Atlantique. Un an plus tard, les travaux se profilent au grand dam des riverains exaspérés par les nuisances sonores.

"On ne fera pas Notre-Dame-des-Landes à Nantes-Atlantique", prévient Martine Lejeune, maire de Bouguenais où est situé l'aéroport, à une dizaine de kilomètres du centre de Nantes.

"On est enclavé dans la ville (...) La ville s'est construite au regard du projet de transfert" de l'aéroport annoncé depuis les années 1960, complète son confrère de la commune voisine de Saint-Aignan de Grand Lieu, Jean-Claude Lemasson.

Malgré l'enclavement de cette plateforme où les passagers sont chaque année plus nombreux -- la barre des six millions a été franchie en 2018 --, le Premier ministre Edouard Philippe présentait il y a un an "le réaménagement de Nantes-Atlantique" comme une "alternative crédible" à Notre-Dame des Landes.

Quand l'Etat et les élus locaux ont défendu la construction d'un nouvel aéroport, ils expliquaient "exactement l'inverse de ce qu'ils vont nous expliquer maintenant sur le réaménagement", s'offusque Joël Sauvaget, président du Collectif des citoyens exposés au trafic aérien (Coceta), une association regroupant quelque 600 adhérents.

Pour cet habitant de Saint-Aignan de Grand Lieu, qui a acheté en 2010 une maison "à 1.000 mètres de la piste", le quotidien est rythmé par le bruit des avions qui le réveillent à l'aube et l'obligent à interrompre la conversation quand il est sur sa terrasse.

"On a été dupé, moi j'ai toujours fait confiance à mes institutions (...) à partir du moment où tout était fait pour que le transfert se fasse, on a laissé faire le développement de Nantes-Atlantique", explique-t-il amer.

- "15 millions de passagers, c'est hors de question" -

Entre 2017 et 2018, le nombre de passagers a augmenté de 12,9% à Nantes-Atlantique et on a dénombré 58.632 mouvements commerciaux (décollages et atterrissages), en hausse de 6,8% sur un an.

Cette réalité rend obsolète le Plan de gêne sonore (PGS), qui fixe les zones où les riverains peuvent bénéficier d'une aide à l'insonorisation et n'a pas été revu depuis 2003 car le transfert vers Notre-Dame-des-Landes semblait imminent.

A l'automne 2018, une nouvelle mouture a été refusée par les communes concernées, qui doivent maintenant donner leur avis --consultatif-- sur un PGS qui leur a été présenté en décembre.

Les calculs "ne tiennent pas suffisamment compte de la réalité perçue par les habitants", regrette toujours Martine Lejeune.

De fait, les mécanismes d'indemnisation prévus par ce PGS "ne seront pas suffisants", estime le préfet de Loire-Atlantique Claude d'Harcourt, rappelant que le gouvernement a prévu en conséquence de mettre en place un fonds de compensation.

La création de ce fonds, qui doit permettre par exemple de relocaliser un collège survolé par les avions, doit être acté prochainement, mais pour l'heure le montant fait débat entre les 20 millions suggérés par l'Etat et les 70 à 120 millions réclamées par les collectivités locales.

L'autre rendez-vous de 2019 est la concertation menée par la Commission nationale du débat public (CNDP) sur le réaménagement de l'aéroport.

Pendant deux mois --en principe mars et avril-- les habitants devront se prononcer sur différents scénarios, ce qui permettra ensuite d'établir un cahier des charges pour lancer un appel d'offre et choisir un concessionnaire.

Sur son site, la CNDP évoque une mise en service de l'aéroport réaménagé en 2026 et affiche comme objectif d'accueillir "9 millions de passagers avec un potentiel d'agrandissement à 15 millions de passagers".

"Un scénario à quinze millions de passagers, c'est hors de question", rétorque Martine Lejeune.

Mais le directeur de l'aéroport François Marie explique que le développement actuel, qui doit se concrétiser par l'ouverture de 20 nouvelles lignes et d'une nouvelle base de la compagnie EasyJet en 2019, consiste à "répondre aux besoins de mobilité du territoire".

"L'objectif est que la région puisse rester attractive et qu'elle puisse se développer", insiste la présidente des Pays de la Loire Christelle Morançais (LR).

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