Le projet de grand contournement de Strasbourg, 40 ans de controverses

Le projet de construction d'une rocade autoroutière à l'ouest de Strasbourg fait polémique depuis ses origines, il y a 40 ans, avec pour dernier épisode de ce feuilleton à rebondissements l'évacuation lundi de la ZAD de Kolbsheim, dans la banlieue de la capitale alsacienne.

Appelé "Grand contournement ouest" (GCO), ou "Autoroute de contournement ouest de Strasbourg" (ACOS), ce tronçon de 24 kilomètres est destiné à désengorger l'autoroute A35, qui traverse l'agglomération bas-rhinoise de part en part, dans le sens nord-sud.

"C'est un contournement assez classique, une façon d'améliorer le trafic nord-sud, en particulier pour les poids lourds", explique le préfet du Grand Est et du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx.

Celui-ci met en exergue les nombreux avantages de ce chantier à 593 millions d'euros, notamment en termes d'emplois et d'activités économiques.

L'ouverture de cette autoroute à 2x2 voies est prévue au mieux début 2021 et elle sera payante.

Mais depuis la naissance de ce projet, en 1973, le GCO compte nombreux d'opposants, à commencer par les écologistes : "C'est une fausse solution à un vrai problème. Cela va augmenter la pollution et le trafic. On va payer le prix fort mais sans en tirer aucun bénéfice", regrette ainsi Michaël Kugler, qui était un des créateurs de la zone à défendre (ZAD) de Kolbsheim, petite commune près de Strasbourg où doivent commencer les travaux.

Les militants écologistes ont déposé de nombreux recours au fil des ans contre ce projet régulièrement abandonné avant d'être relancé à la fin des années 1990.

La justice doit d'ailleurs encore statuer dans les prochains jours sur deux référés déposés par les opposants.

Outre la pollution, les détracteurs de cette rocade qui doit traverser 22 communes soulignent que ce "projet d'un autre âge" entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d'espèces protégées.

Une commission d'enquête est d'ailleurs allée dans leur sens et a rendu un avis défavorable au GCO, des conclusions qui n'ont pas été suivies par l'Etat.

Le concessionnaire Arcos, une filiale de Vinci, et la Sanef, qui sera en charge d'un échangeur, sont les entreprises retenues pour construire le GCO.