Le préfet du Tarn interdit tout rassemblement d'opposants à l'A69, avant la nouvelle mobilisation prévue

Le préfet du Tarn a annoncé mardi avoir interdit par arrêté tout rassemblement d'opposants à l'autoroute A69 en prévision d'une nouvelle mobilisation prévue contre le projet contesté de liaison entre Toulouse et Castres, au motif "des violences graves" commises lors des manifestations précédentes.

"Les trois précédentes manifestations contre l'A69, en 2023 et 2024 ont donné lieu à des violences graves et répétées, tant contre les personnes (...) que contre les biens", précise un communiqué de la préfecture du Tarn, qui joint l'arrêté daté du 1er juillet.

Plusieurs milliers de personnes sont attendues de vendredi après-midi à dimanche, aux abords du tracé de l'A69, avec la volonté d'"enterrer" le projet d'autoroute de 53 km.

Or, "à ce jour, aucune organisation ni association n'a déclaré assumer la responsabilité juridique de cet événement" et des messages circulant sur les réseaux sociaux "appellent explicitement à des actes violents et à des actions de destruction", ajoute le communiqué préfectoral.

"Au regard de l'ensemble de ces éléments et des risques manifestes de troubles graves à l'ordre public, le préfet du Tarn a pris un arrêté préfectoral interdisant tout rassemblement dans les 17 communes tarnaises du tracé autoroutier de l'A69 du jeudi 3 juillet 08H00 jusqu'au lundi 7 juillet à 20H00", indique le texte publié mardi soir.

Les anti-A69, répondant à l'appel de collectifs écologistes, parmi lesquels Les Soulèvements de la Terre, doivent participer à une "Turboteuf" pour dire: "l'A69, c'est toujours non", dans un lieu encore inconnu.

Depuis le printemps 2023 et les premiers coups de pioche de ce chantier visant à créer une voie rapide entre Castres et Toulouse, la contestation est montée en intensité, prenant différentes formes: manifestations, grèves de la faim, occupations d'arbres au coeur de Zones à défendre (ZAD), ou encore recours juridiques.

Fin février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux de l'autoroute, estimant qu'il n'y avait pas de raison impérative d'intérêt public majeur (RIIPM) pour justifier les dégâts causés à l'environnement.

Cette décision, saluée comme une victoire par les opposants, a donné lieu à plusieurs recours des pro-autoroute: d'un côté devant la justice administrative, de l'autre, par le biais d'une proposition de loi visant à valider rétroactivement les autorisations environnementales du chantier.

Celle-ci devrait faire l'objet d'une adoption dans les prochains jours, après un ultime vote dans les deux chambres du parlement.

Parallèlement, avant l'examen du dossier au fond prévu à la fin de l'année, la cour administrative d'appel de Toulouse a autorisé fin mai une reprise du chantier, que l'AFP a pu observer timide sur le terrain depuis peu.

Cette bataille juridico-politique entre pro et anti se traduit par de fortes tensions locales.

Avant cet arrêté préfectoral d'interdiction, les préfectures du Tarn et de Haute-Garonne avaient annoncé des mesures de police renforcées et interdit par exemple le transport de carburant, de produits chimiques, de peinture en aérosol, de pneus usagés ou d'autres matériaux combustibles, éléments dont elles pensent qu'ils pourraient être utilisés par les manifestants.