Le Parlement valide l'envoi de CO2 à l'étranger pour l'enfouir

Le Parlement a validé mardi un projet de loi ouvrant la porte à l'envoi à l'étranger de millions de tonnes de CO2, destinées à être stockées dans des fonds marins, le gouvernement y voyant "un outil" pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

L'Assemblée nationale a définitivement adopté ce texte par 261 voix (du bloc central au Rassemblement national) contre 107 voix, essentiellement de la gauche de l'hémicycle, qui dénonce "une fuite en avant" pour ne pas réduire les émissions de CO2.

Au coeur des débats: le devenir du CO2 capté sur un site industriel puis comprimé et liquéfié, afin des les enfouir plutôt que de le voir rejeté dans l'atmosphère.

Or, contrairement à ses voisins, comme la Norvège ou le Danemark, la France ne dispose pas de site de stockage.

Le Protocole de Londres, un texte international sur la prévention de la pollution, prévoit une interdiction de principe de toute exportation de déchets en vue de leur élimination en mer, et donc de leur enfouissement.

Ce projet de loi, également adopté au Sénat, entend ainsi le modifier et permettre cette exportation.

Pour le ministre de l'Industrie et de l'Energie, Marc Ferracci, il s'agit de "donner à notre industrie lourde, la possibilité de produire en France, sans relâcher dans l'atmosphère le carbone qu'elle produit inévitablement".

Car, selon lui, certains secteurs industriels, comme la sidérurgie, la production de ciment ou de chaux, "émettront toujours du CO2, même sans énergie fossile". Un CO2 "fatal", mais "que l'on peut capturer", a plaidé le ministre.

"La capture du carbone ne se substituera pas à l'effort de décarbonation", a-t-il tenté de rassurer. Elle est "à l'inverse un des outils indispensables pour atteindre nos objectifs" de neutralité carbone, selon lui.

Elle devrait représenter entre 8 et 13% de l'effort de réduction des émissions d'ici 2050, en France comme en Europe, a-t-il cité.

Mais pour les écologistes et les insoumis, il s'agit d'une "nouvelle fuite en avant technologique" pour "éviter de s'attaquer à la source de la catastrophe climatique", selon les mots de la députée LFI Nathalie Oziol.

Pour le député communiste Édouard Bénard "cacher la poussière sous le tapis ou le carbone sous les océans n'est pas à la hauteur des enjeux".

Le rapporteur du texte, le député macroniste et ancien ministre de la Mer, Hervé Berville a rappelé que cette solution est soutenue par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).