La confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) a décrit mercredi une "filière sous pression", inquiète pour son avenir dans un paysage industriel "en recomposition" et face aux prix mondiaux du sucre en baisse, en dépit de bons rendements en France.
"Le contexte est très mauvais, avec des charges qui ne cessent d'augmenter et des prix très bas, qui ne couvrent absolument pas nos charges et coûts de fonctionnement", a déclaré Franck Sander, président de la CGB et agriculteur en Alsace, lors d'une conférence de presse à Paris.
Pourtant sur le terrain les conditions étaient réunies pour une année exceptionnelle en France, premier producteur européen de sucre.
"Grâce à des semis précoces et une météo favorable, on aura un rendement national moyen de 91 tonnes par hectare (contre 80 t/ha en 2024)", a indiqué Nicolas Rialland, directeur général de la CGB, association spécialisée du syndicat FNSEA.
Avec près de 400.000 hectares semés, la production 2025 devrait atteindre "36 millions de tonnes de betteraves", transformées dans 19 sucreries, permettant de produire "4,3 millions de tonnes de sucre" et "8,7 millions d'hectolitres d'alcool et d'éthanol".
A l'inverse, le prix, qui n'est pas encore fixé, est attendu à la baisse.
Face au repli des cours mondiaux, passés de plus de 1.000 euros la tonne en 2022-23 à environ 400 euros la tonne fin 2025, le paysage industriel sucrier européen se recompose.
Le numéro 1 mondial, l'Allemand Südzucker, "a demandé à ses coopérateurs de réduire les surfaces": sa filiale française, Saint Louis Sucre, a ainsi exigé de ses producteurs une baisse globale de surface de 25%, environ 30.000 hectares.
Si à ce jour, les grands groupes coopératifs français, Tereos et Cristal Union ne semblent pas envisager de baisse de surface, l'avertissement est sérieux.
Signe des difficultés traversées par le secteur, cette année a été marquée par la disparition des deux derniers groupes sucriers familiaux français.
Le groupe Ouvré fils a dû fermer sa sucrerie de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne), et le groupe Lesaffre a cédé à Cristal Union son usine de Nangis dans le même département.
"En Europe, 20 sucreries ont fermé depuis 2017 (et la fin des quotas sucriers dans l'UE), dont six en France", a souligné Franck Sander.
Dans ce contexte difficile, la filière française renouvelle ses demandes d'un soutien au niveau européen, notamment contre les "risques" d'une déstabilisation accrue du marché en cas de fortes importations de sucre d'Ukraine ou du Brésil à travers l'accord UE-Mercosur s'il entrait en vigueur.
Et ils souhaitent toujours "faire évoluer la loi française" en faveur d'une autorisation de l'acétamipride, un insecticide néonicotinoïde dont le retour dans les champs a été retoqué cet été par le Conseil constitutionnel.
"Nous voulons avoir la même boîte à outils que nos voisins (et concurrents) européens", alors que cette substance, toxique pour les pollinisateurs, est autorisée dans l'UE jusqu'en 2033, a rappelé M. Rialland.