Le "pacte du pouvoir de vivre" présente ses 90 propositions pour la présidentielle

"Nous voulons peser dans cette campagne présidentielle": le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger et le délégué général de la Fondation Abbé Pierre Christophe Robert ont détaillé vendredi les 90 propositions du "Pacte du pouvoir de vivre", qui rassemble 64 associations pour proposer un nouveau modèle social.

"On arrive dans une période où on va s'interroger sur la société et le monde que nous voulons", a dit Laurent Berger sur France Inter en évoquant l'élection présidentielle d'avril 2022. "Nous voulons peser sur les débats", a-t-il ajouté, citant "l'écologie, la justice sociale, la lutte contre les inégalités et la démocratie" comme matrice des 90 propositions du pacte.

"Les enjeux identitaires, de sécurité et d'immigration sont de vraies questions importantes, mais il y en a beaucoup d'autres", a indiqué Christophe Robert.

Avec les 64 organisations (syndicats, associations environnementales, de lutte contre l'exclusion, de jeunesse, d'éducation populaire), "on a une vision de ce qu'il faudrait faire à partir de l'expertise de terrain, qu'on confronte aussi avec des chercheurs, en disant: +On peut faire autrement+", a insisté M. Robert.

Le résultat a abouti à 90 propositions qu'il qualifie de "réalistes, ambitieuses et quelque part un peu radicales".

Parmi celles-ci figure une revalorisation des bas salaires ou des minimas sociaux. Le travail "ne paye pas suffisamment, notamment pour tous ces travailleurs qui ont été particulièrement exposés pendant cette période [de crise sanitaire du Covid-19] et qui n'ont jamais vu la récompense qu'on leur avait promise", a déploré M. Berger, citant entre autres les salariés de l'agroalimentaire.

Christophe Robert est revenu sur les chiffres de la pauvreté publiés par l'Insee mercredi qui présente un taux de pauvreté resté stable malgré la crise du Covid.

"Les mesures de protection ont évité que de nouveaux ménages basculent dans la pauvreté mais ça ne dit rien de ceux qui sont déjà dans la pauvreté et vont s'enfoncer un petit peu plus", a-t-il relevé. Le taux de pauvreté n'est qu'un "indicateur macro-économique" qui ne dit rien des difficultés concrètes auxquelles sont confrontés les ménages pauvres.

Le pacte avance aussi l'idée de réduire le temps de travail "sur toute la durée de la vie en ayant une espèce de banque des temps pour donner du temps aux autres et s'engager dans des associations", a expliqué Laurent Berger. Chaque citoyen se verrait doté d'un compte épargne temps attaché à la personne tout au long de la vie.

Autres propositions: l'instauration d'un revenu minimum garanti sous conditions de ressources accessible dès 18 ans, le retour de l'impôt sur la fortune, l'alignement des fiscalités du travail et du capital, l'instauration de la proportionnelle pour les législatives.

Dans le domaine environnemental, le pacte propose d'aller vers 100% de véhicules neufs zéro émission de gaz à effets de serre au plus tard en 2035, de mettre en place une option végétarienne quotidienne dans les cantines des collèges et des lycées, d'investir 10 milliards d'euros par an pendant 10 ans en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments.

Laurent Berger et l'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot ont lancé en mars 2019 le "Pacte du pouvoir de vivre", avec l'ambition de faire "converger écologie et social" après les manifestations des "gilets jaunes".