Le moral des investisseurs américains en France pénalisé par l'instabilité politique

L'incertitude politique et budgétaire en France a pesé sur le moral des investisseurs américains et l'attractivité du pays en 2024, selon une enquête de la Chambre de commerce américaine en France (AmCham) publiée mardi.

Une majorité d'entre eux estime que la dissolution de l'Assemblée nationale en juin (51%) et la chute du gouvernement Barnier en décembre (78%) ont affecté négativement leurs investissements en France ou l'attractivité du pays, selon cette enquête effectuée auprès de 151 entreprises américaines représentant plus de 95 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 220.000 employés en France.

Alors que les Etats-Unis y sont le premier investisseur étranger, la perception de la France par les maisons mères s'est dégradée en 2024: 36% la jugent bonne et 3% excellente, contre 45% et 7% en 2023.

Les principaux critères d'investissement mentionnés sont le contexte économique (76%), la stabilité politique (74%) et la qualification de la main-d'oeuvre (69%), souligne l'enquête réalisée avec le cabinet Bain & Company entre la démission du gouvernement Barnier début décembre et l'investiture du président américain Donald Trump le 20 janvier, quand la France étant encore sans budget.

Or, si ses atouts sont toujours cités (situation géographique, qualité de vie, infrastructures, capacité d'innovation, main-d'oeuvre qualifiée), la stabilité politique est perçue comme sa principale faiblesse (79%) en 2024. Suivent le coût de la main-d'oeuvre (78%), la législation sociale (72%), le climat social (71%) et la complexité des procédures administratives (69%).

Ces "freins structurels" sont régulièrement avancés depuis que le baromètre a été lancé en 1999, souligne Marc-André Kamel, vice-président de l'AmCham et senior partner chez Bain & Company.

"Le socle de l'attractivité de la France reste là (...), à condition que les raisons pour lesquelles il y a eu un décrochage cette année - l'instabilité politique et les inquiétudes fiscales - soient traitées rapidement par les pouvoirs publics", ajoute-t-il.

Pour l'année en cours, l'environnement politique est perçu comme un facteur de risque modéré (47%) ou significatif (47%).

Alors que le gouvernement va relancer mardi le chantier de la simplification pour les entreprises, 75% des investisseurs ont confiance en sa capacité à réformer.

Concernant les Etats-Unis, 50% des entreprises interrogées disaient redouter un impact négatif sur les relations économiques transatlantiques, avant l'intensification de la guerre commerciale.

Face à cette situation, l'AmCham appelle à "fixer un cap politique et économique clair", "simplifier drastiquement les procédures administratives" ou "accélérer" la formation professionnelle.