Le Maire appelle à accélérer la "reconquête industrielle"

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé mardi à accélérer une "reconquête industrielle" de la France fondée sur l'innovation et les technologies numériques, mais il a prévenu que "l'industrie 4.0" ne se ferait "pas sur les ruines de l'industrie du passé".

"Il n'y a pas un instant à perdre pour accélérer la reconquête industrielle", a lancé le ministre à l'issue d'une réunion du Conseil national de l'industrie, qui réunit Etat, chefs d'entreprises, représentants syndicaux et collectivités, en marge du salon Global Industrie.

Des progrès ont été faits, a dit en substance Bruno Le Maire, notant que 13 filières industrielles sur 18 étaient désormais structurées et en ordre de marche.

"Cette reconquête industrielle aujourd'hui donne des résultats puisque nous avons enfin stoppé l'hémorragie d'emplois industriels dans notre pays", a assuré Bruno Le Maire, rappelant qu'en dix ans 1 million d'emplois industriels ont été perdus et 100 usines fermées par an.

Mais "l'industrie 4.0 n'existera pas si nous abandonnons nos territoires industriels, nos usines et nos ouvriers lorsque leurs emplois sont menacés", a souligné le ministre, au moment où l'actualité est marquée par le processus de fermeture de l'usine Ford de Blanquefort, enclenché mardi après l'approbation d'un Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), ou la reprise avortée la semaine dernière de l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve par Altifort.

Le président de France Industrie, Philippe Varin, a jugé la base de travail "extrêmement solide maintenant", mais "il faut que ça produise des résultats".

Un dispositif "accélérateur", financé par la banque publique Bpifrance pour aider les PME à se tourner vers la numérisation, a permis d'en soutenir à ce jour 645, mais l'objectif est de 4.000, a rappelé le ministre. "On voit bien qu'il faut accélérer."

La priorité va aussi être mise sur des liens plus étroits entre la recherche et le monde industriel. "C'est ce qui fait la force de l'industrie allemande: la connexion entre recherche fondamentale, recherche appliquée et innovation dans les entreprises", a rappelé Bruno Grandjean, qui préside l'Alliance industrie du futur et le Groupe des fédérations industrielles.

- Taxes de production: un "sujet qui fâche" -

Le secteur industriel français a enregistré en 2017 et 2018 un solde positif de créations d'emplois et d'usines, selon le cabinet Trendeo, malgré un ralentissement en fin d'année.

M. Grandjean y voit "un atterrissage en douceur", soulignant que les intentions d'investissements dans l'industrie sont à un niveau élevé.

Les chefs d'entreprise de l'industrie manufacturière tablent sur une hausse de 10% de leurs investissements en 2019, selon la dernière enquête de l'Insee. Mais cela masque une importante disparité, avec "des investissements très forts en France dans l'immatériel et très faibles dans les machines", a relevé Bruno Grandjean, également patron du groupe Redex.

Le Conseil de l'industrie a aussi permis d'évoquer un "sujet qui fâche", selon lui: il a salué le "volontarisme" du gouvernement en matière industrielle, "mais il faut aussi qu'on accélère la baisse des taxes de production".

"Il est aberrant qu'aujourd'hui une usine paye trois fois plus de taxe foncière qu'un entrepôt", a-t-il lancé.

Le ministre de l'Economie a dit à plusieurs reprises que le sujet des impôts de production - des taxes locales qui pénalisent l'industrie française vis-à-vis de l'Allemagne - était une priorité.

Enfin, le rôle "absolument déterminant" des collectivités locales et des régions" a été réaffirmé.

Le programme "Territoires d'industrie" lancé en novembre 2018, et doté de plus d'un milliard d'euros de financement, a tenu mardi sa première assemblée générale. L'objectif est de répondre à quatre enjeux pour des bassins industriels implantés en milieu rural : "recruter, innover, attirer, simplifier".

Une phase pilote sur 29 territoires a débuté en janvier, avant une généralisation à 136 territoires d'ici fin juin.

"L'enjeu principal aujourd'hui est autour du recrutement parce qu'il crée le point de blocage de la croissance de l'industrie", a observé la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher.

Les PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI), qui sont majoritairement dans des petites villes, "ont besoin d'un environnement territorial qui fonctionne pour pouvoir créer de l'emploi", a-t-elle ajouté.

sbo/soe/az

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