Le Larzac, symbole de la contestation depuis les années 1970

Le causse du Larzac (Aveyron), théâtre du combat victorieux des écologistes contre l'extension d'un camp militaire dans les années 1970, est depuis 50 ans un haut lieu de la contestation et de rassemblement des pacifistes et des anti-nucléaires.

Cette lutte est une référence historique pour de nombreux zadistes, comme à Notre-Dame-des-Landes, qui disent largement s'en inspirer. Voici quelques dates-clefs:

- 28 octobre 1971: le Larzac, aride plateau de landes et de rochers, fait irruption sur la scène médiatique quand le ministre de la Défense nationale de Georges Pompidou, Michel Debré, annonce l'extension du camp militaire de la Cavalerie. Il veut le faire passer de 3.200 à 14.000 hectares pour entraîner les divisions blindées et les engins lance-missiles. Levée de boucliers sur place, avec une première manifestation, le 6 novembre à Millau, regroupant 6.000 personnes.

- 28 mars 1972: une centaine de paysans, pour la plupart éleveurs de brebis, refusent de laisser leur plateau à l'armée et organisent la riposte autour du "serment des 103", sous le slogan "Gardarem lo Larzac!" ("Nous garderons le Larzac !"). Selon ce pacte, ils resteront solidaires dans leur lutte et "pas un agriculteur ne sera chassé contre son gré".

- 1973-1975: après une pétition de 30.000 signatures, le causse se transforme en vaste forum pacifiste. Le philosophe Lanza del Vasto y jeûne trois semaines, 60.000 opposants au camp s'y retrouvent en août 1973, 100.000 un an plus tard pour la "Fête de la moisson" dont le slogan est "le blé fait vivre, les armes font mourir". Première "marche sur Paris".

- 1975-1978: l'ambiance bon enfant vire à l'affrontement en 1975 avec de premières expropriations de paysans, l'intervention des forces de l'ordre et l'arrestation en juin 1976 de 22 militants entrés dans le camp militaire. Ils sont condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à trois mois ferme. La peine maximum effectivement purgée n'est finalement que de trois semaines.

Dans leur lutte, les paysans sont rejoints par des bataillons d'anti-nucléaires et militants pacifistes, qui organisent notamment en août 1977 un grand rassemblement "Viure al païs" ("vivre au pays").

Le futur porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, s'installe sur place en 1976 et élève des brebis. En décembre 1978, la dernière grande manifestation des opposants au camp rassemble à Paris plusieurs dizaines de milliers de personnes.

- 3 juillet 1981: fidèle à une promesse électorale, le socialiste François Mitterrand, élu deux mois plus tôt président de la République, enterre le projet d'extension du camp.

- 1983: le Larzac, dont la notoriété est devenue internationale, est le théâtre d'un rassemblement "pour le gel du nucléaire".

- 1985: les paysans expropriés récupèrent leurs terres et le camp de la Cavalerie, créé en 1902, retrouve sa superficie initiale.

- Eté 1999: à l'avant-garde de la lutte contre les taxations américaines sur le roquefort, le Larzac devient l'une des capitales du mouvement altermondialiste. Le 12 août, quelques dizaines de militants de la Confédération paysanne procèdent au "démontage symbolique" du chantier McDonald's de Millau (Aveyron). Une semaine plus tard, José Bové se livre à la justice et est placé en détention provisoire. L'image du syndicaliste partant vers la prison sous forte escorte en brandissant ses poings menottés fait le tour du monde.

- 30 juin 2000: le procès de José Bové et de neuf de ses camarades est l'occasion d'un rassemblement festif anti-mondialisation auquel participent entre 40.000 et 50.000 personnes, transformant Millau en un éphémère "Seattle-sur-Tarn".

- août 2003: rassemblement d'altermondialistes, 30 ans après la première grande mobilisation sur place.

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