Les acteurs de l'industrie du football en France font preuve d'un "manque d'ambitions" face aux défis de la transition énergétique, estime auprès de l'AFP Antoine Miche, fondateur et directeur de l'association Football Ecologie France.
Q: Le plan de sobriété lancé fin 2022, dans son volet football, est-il suffisant?
R: "Il est suffisant pour un démarrage du sujet, mais il n'est pas structurant. Quand on voit les objectifs globaux de baisse d'émissions de CO2 à 2030 ou 2050, ce sont des changements drastiques qu'il faut effectuer, et non des changements qui économisent quelques pourcents d'énergie et, derrière, un peu de CO2. C'est intéressant parce qu'il y a une coordination d'acteurs, mais on n'est pas sur des changements radicaux. A la sortie de l'hiver, période à enjeu pour le football, il faudrait une actualisation de ce plan-là. Il va falloir redoubler d'effort car tout cela manque d'ambitions. On pourrait annoncer: +la LFP vise une réduction de X% de ses émissions de CO2 à 2030+. Ça manque de leadership et c'est quand même le boulot de la LFP (la Ligue de football professionnel, NDLR) d'embarquer tous ses clubs sur les enjeux sociaux et environnementaux. Il va falloir que la FFF, la LFP, le ministère, les clubs et les partenaires économiques accélèrent réellement".
Q: Dans quels domaines en priorité?
R: "Il y a un très gros enjeu sur la partie bâtiment (stade). Mais, ensuite, si on parle d'émissions de CO2, l'enjeu se joue sur la partie transport. Ce sont les supporters et les équipes qui se déplacent qui émettent le CO2 du football. Le plan devrait mettre beaucoup plus l'accent sur cette question. Les supporters font partie intrinsèque d'un club, sans eux il n'y aurait pas de chiffre d'affaires, pas de droits TV, donc les émissions des supporters sont celles du club. C'est une des difficultés, de sensibiliser voire former les supporters, d'aller chercher des millions de personnes. Or les clubs ne sont pas outillés pour cela. Sur la question des transports en commun, la question se pose du lien qu'ils ont avec la collectivité concernée. C'est là que ça se joue, cette relation avec les collectivités, et cela demande aux clubs d'être beaucoup plus proactifs. Et ils ne sont pas habitués. Les clubs ne sont pas tant challengés et ne font pas grand chose vis-à-vis des supporters".
Q: Quelles seraient les solutions?
R: "Il faut changer beaucoup de choses. Le football, et les joueurs, sont un peu déconnectés de la société. Il s'agit d'abord de les reconnecter à la réalité. Notre travail est de sensibiliser les acteurs du foot via des démarches variées. On veut faire émerger la notion d'écosupportérisme. On est un ovni dans le paysage, le seul acteur en Europe qui propose des outils très opérationnels pour les clubs. (...) Avec sa très forte médiatisation, si le sport se met à faire des choses sur la transition écologique, ça peut avoir des effets positifs sur des millions de personnes. D'autant plus avec les JO (à Paris). Il y a beaucoup de retard, mais le sport a cette capacité à beaucoup accélérer, c'est dans son ADN".
Propos recueillis par Olivier LEVRAULT