Contraint de prolonger la fermeture de nombreuses entreprises, le gouvernement ouvre encore plus grandes les vannes du fonds de solidarité, devenu le dispositif de soutien le plus coûteux pour l'Etat après le chômage partiel pour faire face à la crise économique et sanitaire.
"Les restaurants, les bars, les salles de sport, les discothèques, tous les établissements qui resteront fermés administrativement se verront verser, quelle que soit leur taille, 20% de leur chiffre d'affaires de l'année 2019 si cette option est préférable pour eux aux 10.000 euros du fonds de solidarité", a annoncé mardi soir le président de la République.
En clair, à partir du 1er décembre, le fonds va être élargi aux entreprises de plus de 50 salariés et toutes celles qui sont fermées pourront percevoir l'équivalent de 20% du chiffre d'affaires réalisé le même mois de 2019, avec un plafond porté à 100.000 euros.
"Nous changeons totalement le dispositif (...) pour pouvoir couvrir non pas les plus petites entreprises, mais couvrir toutes les entreprises, sans exception, qui sont fermées", a déclaré mercredi matin le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur France Inter.
Et il a estimé que 200.000 entreprises seraient concernées pour un coût de 1,6 milliard d'euros par mois pour les finances publiques.
"C'est une très bonne nouvelle. Mais disons-le quand même, les restaurateurs veulent travailler, ils ne veulent pas des aides, ni vivre aux crochets de l'Etat", a réagi mercredi matin sur RMC/BFMTV le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.
Créé dès le début du premier confinement à la mi-mars, le fonds de solidarité était censé soutenir les très petites entreprises et les travailleurs indépendants.
Le montant mensuel de l'aide était alors de 1.500 euros, avec un soutien complémentaire potentiellement apporté par les régions.
La taille des entreprises bénéficiaires et les montants alloués ont depuis été plusieurs fois révisés en hausse, en lien avec les restrictions administratives à l'activité.
Le fonds de solidarité a été élargi début novembre aux entreprises de moins de 50 salariés avec une compensation pouvant aller jusqu'à 10.000 euros pour les entreprises fermées ou pour celles des secteurs connexes dont le chiffre d'affaires baisserait d'au moins 50% par rapport à la même période de 2019.
Celles d'autres secteurs subissant une perte d'au moins 50% de leur chiffre d'affaires restent éligibles à l'aide de 1.500 euros.
Depuis mars, plus de 1,7 million d'entreprises ont bénéficié du fonds de solidarité, pour une dépense totale de plus de 7 milliards d'euros, selon le Tableau de bord mis en ligne par Bercy.
- Près de 20 milliards d'euros -
Pour le seul mois de novembre, 6 milliards d'euros ont été budgétés pour le fonds de solidarité qui devient, après le financement du chômage partiel, le dispositif de soutien le plus coûteux pour l'Etat depuis le début de la crise sanitaire.
D'abord doté de 2 milliards d'euros, puis de 9 milliards à l'été, il a encore été abondé de plus de 10 milliards d'euros supplémentaires dans la dernière version du projet de budget pour 2020, adopté la semaine dernière au Parlement.
Soit un total de dépenses prévu de près de 20 milliards d'euros pour cette année, quand le chômage partiel devrait coûter 34 milliards d'euros, supportés à la fois par l'Etat et l'Unedic.
Mais c'est encore insuffisant pour les entreprises. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a réclamé mercredi que le nouveau dispositif soit élargi aux secteurs dépendants des établissements qui resteront fermés.
"Il est essentiel de ne pas laisser de côté les secteurs connexes dont l'activité dépend étroitement des secteurs fermés. Les hôtels, les brasseurs ou les grossistes en boisson par exemple doivent, sous certaines conditions, avoir accès au même dispositif", a ainsi revendiqué la CPME dans un communiqué.
C'est une "question de survie pour de très nombreuses entreprises", d'après elle.