Le désarmement des agents de l'OFB, c'est non, martèle sa direction

Le désarmement des agents de l'Office français de la biodiversité, réclamé par certains syndicats agricoles, est "une ligne rouge", a souligné mercredi la direction de l'organisme public, opposant une ferme fin de non-recevoir à cette question et soulignant les "vrais risques" encourus par les agents.

"Le désarmement, pour nous, c'est non !", a déclaré Sylvie Gustave dit Duflo, la vice-présidente du conseil d'administration de l'OFB lors d'une audition au Sénat portant sur le bilan des quatre ans d'existence de l'organisme. "C'est une ligne rouge", a renchérit à plusieurs reprises Olivier Thibault, le directeur général de l'OFB.

"La police de l'environnement, c'est une police" qui doit avoir les moyens de faire respecter ses missions et ses agents, a expliqué Mme Gustave dit Duflo.

"Pourquoi nos agents ont-ils besoin d'une arme ? Car ce sont eux qui contrôlent le plus de personnes armées en France" notamment lorsqu'ils doivent intervenir sur des "activités illicites" comme le braconnage ou le trafic illégal d'espèces, a expliqué M. Thibault.

"Nos agents sont régulièrement en situation de vrai risque", a ajouté le directeur, citant les 85 agents tués dans l'exercice de leurs fonctions.

Lors des manifestations agricoles de janvier et février, l'OFB avait été la cible de nombreuses protestations, avec des dégradations de plusieurs antennes locales et certains agents s'étaient plaints d'agressions à leur encontre. Une partie du monde agricole se plaignait notamment d'une trop forte "pression" au niveau des contrôles et la FNSEA avait réclamé son désarmement au gouvernement.

La direction de l'OFB a souligné mercredi que sur 400.000 exploitations agricoles françaises, seules 3000 avaient fait l'objet d'un contrôle en 2023. "C'est faible. Et en quatre ans d'existence, sur les 85 fois où l'arme a été utilisée, nous n'en avons jamais sorti une devant un agriculteur", a affirmé Olivier Thibault.

Si la direction reconnaît qu'il y a parfois "un vrai sujet de posture au sein de l'OFB" et la nécessité de "faire évoluer la manière de parler" de certains agents aux agriculteurs ou aux élus locaux, elle souligne que "tout comportement déviant est pris en compte et sanctionné".

"Avoir une arme c'est une vraie responsabilité, nous en sommes conscients", a ajouté le directeur. "Mais le vrai sujet n'est pas là, mais plutôt comment on partage la règle et on la fait comprendre", a-t-il souligné, reconnaissant qu'un "effort de dialogue et de pédagogie" doit être entrepris.

"L'OFB ne travaille pas contre les agriculteurs et on passe notre temps à essayer de trouver des espaces de conciliation" et pas seulement à faire des contrôles, a conclu le directeur général, soulignant le "rôle fondamental et stratégique" que doivent jouer les préfets.

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