Le convoi d'agriculteurs qui était reparti mardi matin à Limoges, en direction du marché d'intérêt national (MIN) de Rungis, a changé de parcours après avoir été bloqué sur l'A20 par les gendarmes, selon la Coordination rurale (CR) qui mène l'opération.
Le cortège de quelque 200 tracteurs a été arrêté sur l'autoroute par les gendarmes mobiles à la hauteur de Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne).
"Il y avait une cinquantaine de véhicules mais comme on est sur des tracteurs, on a défoncé les barrières de sécurité pour rejoindre l'ancienne nationale qui longe l'A20", a précisé Thomas Hégarty, président du syndicat agricole dans ce département.
Le convoi s'est alors scindé en deux ou trois "mais on est en train d'essayer de se regrouper", a-t-il ajouté lors d'une pause sur cette route départementale dans l'Indre, précisant qu'il n'y avait plus de forces de l'ordre face à eux à ce stade, "sauf l'hélicoptère qui tourne au-dessus de nous". "On passe vraiment pour des délinquants", a-t-il déploré.
"Ils veulent nous épuiser et cherchent à nous ralentir. C'est la belle démonstration qu'ils nous craignent", a renchéri Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne et figure historique de la CR47 qui a lancé le mouvement.
"S'ils continuent à nous bloquer, on forcera les barrages avec les tracteurs", a-t-il prévenu, appelant "tous les agriculteurs de France et de Navarre" à les rejoindre.
Peu après 05H15, plus de 200 tracteurs étaient repartis de Limoges sur l'A20 en direction de Paris. Ils prévoyaient de passer par Orléans avant d'arriver à Rungis "après 16H00", selon la CR.
Parti lundi matin d'Agen (Lot-et-Garonne) à une trentaine de tracteurs, le cortège n'a cessé de grossir le long de la route. Les agriculteurs se sont restaurés en soirée à la Chambre départementale d'Agriculture de la Haute-Vienne, dirigée par la CR, avant de dormir dans un gymnase à Panazol dans l'agglomération de Limoges.
"Les convois arrivent de tous les côtés, c'est un truc de fou !", s'exclamait lundi soir le coprésident de la CR47 José Perez, interrogé par l'AFP. "C'est formidable l'accueil que nous recevons au bord de la route. On se croirait au Tour de France. Le public est enthousiaste et ça fait chaud au coeur", abondait Aurélie Armand, vice-présidente du syndicat.
Dès dimanche soir, des blindés de la gendarmerie ont été déployés aux abords du marché d'intérêt national (MIN) à Rungis (Val-de-Marne), que la CR a l'intention "d'investir". Selon les autorités, les forces de l'ordre doivent faire en sorte qu'il "puisse fonctionner".