Le chanvre, un matériau de construction naturel encore marginal (architectes)

Isolant à la chaleur, au froid, base pour faire du béton: le chanvre, encore marginal dans le secteur de la construction, fait partie des matériaux biosourcés prometteurs, selon Christine Leconte, présidente du Conseil régional de l'ordre des architectes d'Ile-de-France.

Q: Quels sont les avantages du chanvre?

R: "Dans un contexte où nous savons que les ressources en sable (utilisé pour fabriquer du béton) sont limitées, il va falloir trouver des alternatives et le chanvre en fait partie. C'est une ressource renouvelable.

Il a aussi des qualités environnementales: il capte le dioxyde de carbone (CO2) et peut être cultivé à proximité des lieux de construction. Pour nous l'avenir est au circuit court, il faut aller chercher le matériau au plus près de là où on construit.

Il a aussi des avantages pour la santé: le chanvre peut se cultiver sans pesticides, la façon dont on le traite pour qu'il devienne un matériau de construction fait qu'il n'est pas nocif. Or, on sait qu'on peut parfois avoir un air plus pollué à l'intérieur des bâtiments qu'à l'extérieur."

Q: Quels sont les usages possibles?

R: "Le chanvre est intéressant pour les constructions neuves mais aussi en réhabilitation.

Le chanvre peut être utilisé comme isolant. Ses performances sont très supérieures par rapport à un isolant classique en confort d'été. Il va capter la chaleur, la retenir et la restituer progressivement.

On peut fabriquer des parois entières (avec des blocs de chanvre). Elles ne vont pas avoir une portance comme de l'acier ou du béton classique mais sont adaptables à des structures bois par exemple. C'est un matériau très léger et résistant au feu."

Q: Y a-t-il des limites à son utilisation?

R: "Il existe une méconnaissance de ce matériau, souvent associé au cannabis. La paille et le chanvre sont deux matériaux ancestraux qu'on redécouvre. Les normes en France ne sont pas faites pour des matériaux biosourcés.

Il existe un surcoût du chanvre, mais il est compétitif, entre 1 et 3% en moyenne au dessus du prix d'un matériau plus classique.

La filière chanvre est structurée mais il y a un gros changement du secteur du bâtiment à mettre en oeuvre pour développer les matériaux biosourcés. Il faut mettre en place des circuits courts, ne pas aller chercher les matières premières trop loin."