Sur les toits d'un ex-site olympique transformé en logements à Saint-Denis, des panneaux solaires vont alimenter en électricité les habitants grâce à l'autoconsommation collective, une solution encore peu connue qui intéresse notamment bailleurs sociaux et collectivités.
"On est sur le site du Village des athlètes" des Jeux olympiques de Paris, décrit Edouard Roblot, directeur du bâtiment bas carbone chez Idex, une société française de services énergétiques.
"On a une installation photovoltaïque de taille intermédiaire" qui "est très intéressante parce qu'elle est branchée en autoconsommation collective", ajoute-t-il. "C'est une des premières en Ile-de-France, l'exemple de ce qu'on doit faire".
Les 600 panneaux solaires répartis sur la toiture de cinq immeubles produiront environ 250 mégawattheures (MWh) par an, qui couvriront une partie des besoins des résidents (la part exacte dépendra de la composition des foyers et de leur consommation), mais aussi 50% de l'électricité consommée par une épicerie bio située à proximité.
"C'est très vertueux sur le plan écologique et très avantageux sur le plan économique parce qu'ils vont baisser leur facture et la rendre prévisible", reprend Edouard Roblot. "La vraie demande, c'est la prévisibilité du prix".
Peu connue du grand public, l'autoconsommation collective existe depuis 2018.
Fin mai 2025, il y avait 1.033 opérations de ce type en service, avec près de 11.700 participants, selon Sylvie Maurand, cheffe du projet autoconsommation collective chez Enedis, le gestionnaire du réseau public de distribution d'électricité, qui gère au total 38,8 millions de clients.
- Maîtrise des dépenses -
Elle permet à "des producteurs et des consommateurs situés dans une zone géographique définie par la loi de se regrouper et partager entre eux une production issue d'énergies renouvelables et locales", explique la responsable d'Enedis.
Ouverte à tous, des particuliers aux collectivités en passant par les associations ou même des petites entreprises, elle permet de réduire la facture d'électricité tout en bénéficiant d'une énergie décarbonée, voire de contribuer à la lutte contre la précarité énergétique.
Pour les bailleurs sociaux, elle offre ainsi la possibilité de couvrir la consommation des parties communes, mais aussi de partager le surplus d'électricité produite avec les locataires et de les aider à maîtriser leurs dépenses énergétiques.
"On a observé un développement très fort à partir de 2022, en particulier au moment de la hausse des prix de l'électricité", souligne Sylvie Maurand. Cette croissance ne s'est pas démentie depuis et "les premiers mois de 2025 sont toujours sur cette tendance".
Les configurations sont "très variées", poursuit-elle en citant la commune de Dun-sur-Meuse (Meuse). Propriétaire d'une centrale hydraulique, la municipalité a monté une opération autour de ses propres bâtiments municipaux puis, pour utiliser le surplus d'électricité, l'a élargi à tous les habitants.
La législation prévoit que les participants ne peuvent être éloignés de plus de deux kilomètres et limite la puissance maximale (à cinq mégawatts depuis début 2025 contre trois mégawatts au départ). Des dérogations peuvent être accordées selon certaines conditions, jusqu'à dix kilomètres en zone périurbaine et 20 kilomètres dans des zones rurales.
- Partage de l'électricité -
Pour les communes et les structures intercommunales, la puissance peut aller jusqu'à dix mégawatts, ce qui rend les projets éoliens plus intéressants compte tenu des coûts d'investissement plus élevés qu'ils requièrent, explique Sylvie Maurand.
"Il n'y a pas de contrainte" quant au choix du mode de production, précise la responsable d'Enedis. Le photovoltaïque est le plus développé "mais on voit des opérations autour de centrales hydrauliques et on sait que ça intéresse aussi le secteur de l'éolien" depuis l'augmentation récente de la puissance autorisée.
Enfin, "du point de vue du réseau, il y a pas du tout d'impact".
Sur le plan administratif, producteurs et consommateurs sont regroupés autour d'une "personne morale organisatrice", l'entité juridique (association, coopérative, société...) qui organise le partage de l'électricité produite entre les membres.
Le calcul de la répartition se fait grâce au compteur communicant Linky, qui permet à Enedis de comptabiliser en temps réel la production et la consommation et d'en informer les fournisseurs d'électricité des participants, qui répercuteront ces chiffres sur les factures.