L'Assemblée nationale vote les crédits pour la renationalisation d'EDF

L'Assemblée nationale a voté mardi le financement par l'Etat de la renationalisation à 100% d'EDF, une opération à 9,7 milliards d'euros destinée à sortir le groupe de production et de fourniture d'électricité de son ornière financière et industrielle.

Les députés ont voté ces crédits lors de l'examen du projet de budget rectificatif pour 2022 par 209 voix contre 156. Les écologistes ont dénoncé le "cap sur le tout nucléaire" pendant que LR déplorait à l'inverse la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.

Au total, l'Assemblée a voté une enveloppe de 12,7 milliards d'euros pour d'éventuelles opérations de soutien à des entreprises stratégiques françaises au cours du second semestre.

"Nous faisons cette opération pour être totalement indépendants" et pour la "relance du programme nucléaire en France", avec six nouveaux réacteurs EPR, a souligné le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

"Le nucléaire a terriblement souffert d'un abandon industriel ces dernières années", a-t-il ajouté dans une ambiance chahutée.

"Les investisseurs privés ne viendront pas financer les six nouveaux réacteurs", des "programmes à rentabilité trop lente" et "quand il s'agit de long terme, c'est l'investisseur public qui est le meilleur investisseur", a-t-il encore argumenté.

L'écologiste Sabrina Sebaihi a fustigé le "vieux modèle du tout nucléaire", malgré "la moitié des centrales à l'arrêt", en plaidant pour les énergies renouvelables. Le communiste Nicolas Sansu a aussi dénoncé une décision "sans stratégie pour socialiser les pertes et privatiser les profits".

Contre cette opération, le centriste Charles de Courson a estimé que "la bonne décision" était plutôt "d'augmenter le capital d'EDF".

A droite, sans s'opposer à la mesure, le chef de file des députés LR Olivier Marleix a fait part de ses "regrets sur les dix ans d'abandon de la filière nucléaire".

A l'extrême droite, dans une charge contre Emmanuel Macron, le RN Jean-Philippe Tanguy a voté contre "un chèque en blanc", réclamant de refaire ce qui "fonctionnait avant" avec un "vrai monopole" d'EDF. Il a invoqué le Conseil national de la résistance.

"Le Rassemblement national qui se réclame du CNR, tout de même, ça ne manque pas de sel", lui a rétorqué Bruno Le Maire sous les applaudissements.

Le gouvernement détient déjà 84% d'EDF et a l'intention de lancer une offre publique d'achat (OPA) devant se terminer fin octobre. Ce retour de l'Etat à 100% dans EDF avait été annoncé le 6 juillet par la Première ministre Élisabeth Borne.

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