A l'Assemblée nationale, unité agricole et parlementaire contre l'accord UE-Mercosur

Députés et dirigeants syndicaux agricoles ont fait front commun mardi à l'Assemblée nationale pour exprimer leur ferme opposition au traité de libre-échange de l'Union européenne avec le Mercosur, dont Bruxelles a lancé le processus de ratification.

Une proposition de résolution, à l'initiative de François Ruffin (groupe Ecologiste et social) et signée par plus de 100 députés de tous bords appelle l'Etat à saisir la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) sur la non-conformité du projet aux textes européens, qu'il s'agisse selon eux de respect des principes environnementaux, sanitaires ou démocratiques de l'UE.

Cette résolution interpelle "le chef de l'Etat sur sa volonté oui ou non de saisir la Cour" européenne, a souligné le président du syndicat FNSEA Arnaud Rousseau, qui demande à Emmanuel Macron de la clarté sur sa position actuelle: "Le président doit être plus clair. L'Etat nous dit +on expertise+ (le texte, NDLR). A un moment, il faudra nous dire!"

Début septembre, la France, qui au sein des 27 menait l'opposition à cet accord, avait salué des garanties apportées par Bruxelles sous forme de clauses de sauvegarde, tout en ajoutant avoir encore "besoin de (les) analyser".

L'accord doit notamment permettre à l'UE d'exporter davantage de voitures, machines, vins... Mais il facilitera l'entrée de viande, sucre ou miel au risque de fragiliser les filières européennes qui crient à la concurrence déloyale du fait de normes différentes et de contrôles défaillants.

Côte à côte devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée, les patrons des cinq syndicats agricoles ont, dans un rare mouvement d'ensemble, expliqué mardi leur opposition à un projet "inacceptable" pour un secteur qui peine à se maintenir (seulement 20% des agriculteurs ont moins de 40 ans, a expliqué le secrétaire général des Jeunes agriculteurs, Quentin Le Guillous).

La proposition de résolution des parlementaires pourrait être présentée en octobre pour validation par la commission des Affaires européennes de l'Assemblée, selon M. Ruffin.