Larcher "pas favorable" au rétablissement de l'ISF

Le président du Sénat Gérard Larcher n'est "pas favorable" à la suppression de l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) et au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), même si le "dialogue" sur le sujet lui "semble légitime", a-t-il déclaré mercredi.

"Je ne suis pas favorable à la disparition aujourd'hui de cette mesure, qui a été le passage par l'impôt sur la fortune immobilière", a indiqué M. Larcher sur France Inter.

"Si l'évaluation démontrait que cet impôt n'est autre chose qu'un sparadrap pour parler à l'opinion publique, rien n'est impossible. Mais je ne crois pas que ce soit une bonne solution", a-t-il insisté.

M. Larcher a rappelé que le dispositif, voté fin 2017, serait évalué à l'Assemblée et par "la commission des finances" du Sénat.

"Notre travail ce n'est pas simplement de voter la loi, c'est aussi de contrôler", a-t-il souligné.

"Que cette question fasse l'objet du dialogue, tout ceci me semble légitime", a-t-il poursuivi.

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a assuré mercredi que "ce sujet-là n'est pas sur la table", demandant "18 à 24 mois pour que la mesure fasse son plein effet". Mais il a ajouté que "si quelque chose ne marche pas, on n'est pas idiot, on va le changer".

Et a rappelé que ce dispositif sera évalué par le Parlement, vraisemblablement à partir de "l'automne 2019".

M. Larcher a dénoncé "la taxation aveugle" effectuée par le gouvernement, épinglant l'augmentation de la CSG ou "désindexation des retraites".

"La taxe (sur les carburants) telle qu'elle était prévue n'allait pas dans le sens de la conversion énergétique, elle allait dans les caisses de l'Etat pour 2,9 milliards", a-t-il encore souligné.

Interrogé sur le mouvement des gilets jaunes, le président du Sénat a exhorté à ce "qu'on sorte de cette situation de fracturation violente du pays". "Beaucoup de nos compatriotes ont le sentiment d'être au bout de la table, de ne pas compter", a-t-il déploré.

M. Larcher, qui a rencontré "en tête à tête" Emmanuel Macron mardi midi, dit lui a glissé un mot d'ordre en trois temps: "annuler, apaiser, dialoguer"

"Annuler, ce n'est pas simplement mettre un moratoire de six mois" sur la hausse des taxes "mais annuler un certain nombre de dispositifs", "c'est à dire geler au niveau de 2018 l'ensemble de la taxation de l'énergie car il y a des conséquences sur le pouvoir d'achat direct".

M. Larcher dit aussi avoir aborder le sujet de "l'augmentation du quotient familial", "l'indexation des retraites" sur l'inflation "que l'Assemblée nationale a rejetée", et "la suppression de la taxe assurance emprunteur".

"Le temps est venu d'agir", a plaidé M. Larcher en incitant M. Macron à être "l'acteur n°1 du dialogue avec ces corps intermédiaires, les élus locaux (...), les partenaires sociaux (...) et les groupes parlementaires".