Éclaboussé par une série de signalements pour agressions sexuelles à Paris, le secteur du périscolaire connaît depuis des années une pénurie de professionnels jugée préoccupante par les syndicats qui tirent régulièrement la sonnette d'alarme à ce sujet.
- Une crise des vocations
Le périscolaire est un temps destiné aux enfants scolarisés, soit le matin juste avant la classe, soit le midi ou le soir après la classe, et le mercredi.
Facultatives, les activités proposées (culturelles, sportives, artistiques...) sont pour leur grande majorité organisées par les collectivités territoriales et des associations.
En plus des horaires morcelés, le salaire est peu attractif, autour de 1.435 euros brut mensuel en moyenne pour un temps plein, selon un rapport de l'inspection générale de l'Education nationale datant de 2021. Les perspectives d'évolution sont minces.
Résultat, le secteur peine à attirer de nouvelles recrues. Selon une étude publiée fin 2023 par l'Association des maires de France (AMF), une collectivité sur deux déclarait ainsi rencontrer des difficultés de recrutement.
- Une majorité de vacataires
Faute de parvenir à fidéliser les professionnels qualifiés, le secteur est confronté à un vaste turn-over et tourne désormais avec une part importante de vacataires.
A Paris, il y a ainsi 2.500 adjoints d'animation et 1.000 animateurs contractuels, contre 8.500 vacataires au statut précaire, selon le syndicat Supap-Fsu.
Dans ce contexte, les revendications des professionnels du secteur se multiplient. Ils réclament notamment un accès à des formations qualifiantes, une revalorisation des salaires ou encore la création de postes à temps plein.
- Des conditions dégradées
Sur le terrain, les syndicats alertent sur une dégradation des conditions de travail des professionnels et celles d'accueil des enfants.
Le taux d'encadrement, qui prévoit un animateur pour 14 enfants en maternelle, un pour 18 en élémentaire et 50% du personnel au moins titulaire du brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (Bafa), n'est plus toujours respecté.
Les syndicats pointent également la difficulté grandissante d'accueillir les enfants aux besoins spécifiques et en situation de handicap.
Quant au recours à du personnel non-qualifié, n'ayant parfois jamais travaillé avec des enfants, cette pratique est devenue monnaie courante dans certains territoires où le seuil des 20% autorisé est parfois dépassé.
A Paris, "tous les jours, des postes ne sont pas pourvus, les équipes travaillent à flux tendu, elles sont épuisées et les conditions d'accueil des enfants se dégradent", déplorait récemment auprès de l'AFP Nicolas Léger, cosecrétaire général du Supap-FSU.
Côtés parents d'élèves, l'association FCPE juge "indispensable" un "accueil sécurisé, stable, inclusif, éducatif et bienveillant, assuré par des personnels formés, reconnus et suffisamment nombreux".
- Un plan et des pistes
Tous ces constats ne datent pas d'hier. Sous pression, le gouvernement avait lancé en 2022 un plan "Pour un renouveau de l'animation en accueils collectifs de mineurs".
Parmi les 25 mesures figuraient notamment une formation certifiante pour les 2.500 animateurs non-qualifiés en exercice. Ou encore l'abaissement à 16 ans - contre 17 ans auparavant - l'âge minimum d'entrée en formation Bafa. Un baccalauréat pro-animation a par ailleurs été créé.
Sur la question de lutte contre les violences sexuelles, la ministre déléguée chargée de l'Egalité femmes-hommes, Aurore Bergé, a prôné un contrôle "systématique et annuel" du casier judiciaire de l'ensemble des animateurs et agents du périscolaire au contact avec les enfants et ce, quel que soit leur statut.