Les dons des producteurs et distributeurs de produits non-alimentaires (savons, vêtements, cahiers, etc.), qui avaient augmenté après l'entrée en vigueur d'une loi interdisant la destruction de leurs invendus, commencent à se réduire malgré une demande toujours élevée, s'inquiète lundi une association spécialisée.
L'Agence du don en nature, association spécialisée dans la collecte auprès de 250 entreprises et la redistribution de produits de grande consommation à un réseau de 1.600 associations partenaires, est aux premières loges pour observer un double phénomène.
La loi anti-gaspillage (Agec) de 2020, qui interdit notamment aux fabricants et aux distributeurs de détruire leurs invendus, a eu "effet positif à court terme": le nombre de dons émanant des entreprises est passé de 3 millions de produits en 2019 à 10 millions en 2023.
Mais "on se doutait que les produits d'hygiène, tout ce qui est soin du corps ou bien-être, seraient plus rapidement en tension", explique à l'AFP Romain Canler, directeur général de l'association.
"Et effectivement sur la seconde partie de 2024, nous avons de gros donateurs qui nous proposent beaucoup moins de produits qu'avant parce qu'ils génèrent moins d'invendus", du fait notamment d'un meilleur pilotage de la production.
L'association évoque une "réduction progressive des dons" plus générale.
C'est problématique car de l'autre côté, la "demande ne fléchit pas" avec, pour les associations, "15 à 25%" de personnes supplémentaires à accompagner entre la fin du Covid-19 et aujourd'hui, estime M. Canler.
L'Agence du don en nature reçoit chaque mois une vingtaine de candidatures d'associations souhaitant devenir partenaires, "alors qu'avant le Covid-19 on était à maximum 10 associations par mois", détaille M. Canler. "Peut-être parce que nous sommes plus connus, mais on constate aussi un phénomène de paupérisation du tissu associatif, et d'accroissement des besoins."
Il déplore en outre l'émergence "d'entreprises de type +start-ups solidaires+, qui viennent marcher sur nos platebandes" en débarrassant les entreprises des invendus "dans une démarche un peu inverse à celle de l'Agence".
Alors que son association refuse "15 à 20% des dons proposés" parce qu'elle cherche avant tout "les produits dont les associations et les gens ont besoin", ces jeunes pousses "sont là pour débarrasser les entreprises, quitte à forcer la main aux associations, contre monnaie sonnante et trébuchante" via notamment des mécanismes de défiscalisation.