Les représentants de la viticulture bio se sont alarmés mardi de restrictions d'usage du cuivre, actées cet été par l'agence sanitaire Anses, qui placent selon eux les cultivateurs "en grande difficulté pour protéger" leurs plants.
Pouvoirs publics, instituts techniques et fabricants doivent "se mobiliser afin de débloquer la situation", appellent la Fédération nationale d'agriculture biologique (FNAB), France Vin Bio et la CNAOC (Confédération nationale des producteurs de vins à appellations d'origine contrôlées), qui demandent de nouvelles études.
Alors que le cuivre est la molécule naturelle la plus répandue dans la lutte contre le mildiou, champignon présent chroniquement dans les vignes, plusieurs produits ont été retirés, les fabricants n'ayant pas fourni les études attendues: seuls deux ont été réautorisés, avec des conditions d'usages qui "ne correspondent pas aux besoins du terrain", estiment-ils.
Pour ces organisations, les conditions d'utilisation ont été durcies "sans prise en compte des enjeux pour les professionnels".
Face au mildiou notamment, "en viticulture bio, on peut avoir besoin de traiter tous les trois jours en cas d'orages; là on nous propose de ne traiter que tous les 7 jours à 400 grammes/hectare. Ce ne sera pas efficace", déplore Pascal Doquet, vigneron bio en Champagne et référent cuivre à la FNAB.
"Il est urgent de redéposer des dossiers avec les analyses de risques (pour les pollinisateurs, la santé humaine) correspondant aux doses et aux fréquences de traitements dont la filière a réellement besoin", appellent ces organisations.
D'ici là, le secteur demande au ministère de l'Agriculture des dérogations, pour permettre les traitements sur fleurs le soir, et le lissage des doses sur sept ans (la nouvelle réglementation française limitant désormais l'épandage sans possibilité d'adapter les volumes à la hausse ou la baisse selon les années).
"La filière viticole demande que l'Etat reconnaisse ses efforts dans la transition écologique. Le cuivre reste la seule alternative pour se protéger du mildiou,", souligne Anthony Brun, président de la Commission durabilité-environnement de la CNAOC.
En juillet, l'Anses a maintenu les principaux usages du cuivre, utilisé dans la vigne, la pomme, la pomme de terre...mais a aussi durci ses conditions d'utilisation avec "des mesures pour limiter l'exposition des travailleurs et les contaminations des eaux et des sols", avait-elle expliqué.