La sécheresse dans le Sud-Ouest moins critique qu'en janvier selon l'Agence de l'eau

Les effets de la sécheresse sur les ressources en eau restent inquiétants mais, grâce aux abondantes pluies de mai dans le Sud-Ouest, la situation n'est plus aussi critique qu'en début d'année, estime l'Agence de l'eau du Bassin Adour-Garonne.

Dans un entretien avec l'AFP vendredi, Guillaume Choisy, directeur général de l'Agence de l'eau d'un fluvial s'étendant de la Charente-Maritime à l'Ariège, observe que l'humidification des sols de surface et le débit des rivières se sont améliorés du fait des précipitations, sans pour autant résorber le déficit d'eau dans les nappes.

Q: Quel impact ont eu les pluies de mai?

R: "Le printemps 2023 a été pluvieux et a permis globalement une bonne humidification des sols et un relèvement du débit des rivières. C'était souvent des pluies d'orage, donc des précipitations pas totalement efficaces, avec une infiltration dans les sols qui n'est pas optimale. Il vaut mieux de petites précipitations régulières. Des territoires ont reçu beaucoup de précipitations, d'autres moins. Sur l'humidité des sols de surface, ça s'est amélioré sur la façade Atlantique, sur les Pyrénées et dans le nord de l'Aquitaine. Reste le coeur de l'Occitanie qui reste sec. Ce qui ne s'est pas amélioré, c'est le niveau des nappes, on ne voit aucun effet des précipitations. L'eau est pompée par la végétation et n'atteint pas les nappes.

Aujourd'hui, la situation est moins critique qu'en janvier. Mais on sait qu'elle peut se dégrader très vite car on n'a pas de réserves, les nappes sont basses: elles sont remplies entre 60 et 80% de leur niveau moyen et le niveau de remplissage des barrages, malgré un mieux, n'a pas rattrapé le retard pris cet hiver. Les barrages hydroélectriques de montagne sont dans la moyenne, car l'hiver a été doux. Les barrages intermédiaires sont en revanche entre 50 et 60% de remplissage."

Q: Comment s'annonce l'été 2023?

R: "Pour les trois prochains mois, on nous annonce des températures plus élevées que la moyenne. Pour les précipitations, il y a une incertitude: on peut avoir un temps orageux récurrent sur les trois prochains mois, contrairement à l'année dernière où on nous annonçait une sécheresse. Si on a des précipitations régulières, on arrivera à maintenir le débit des rivières, à sécuriser l'eau potable et la plupart des prélèvements économiques et agricoles. Si on a une longue période de sécheresse et de fortes chaleurs comme l'année dernière, ce sera extrêmement compliqué et on devra mettre en place des fortes restrictions, plus importantes qu'en 2022. Comme on a peu de réserves dans le sol et dans les barrages, en cas de forte sécheresse on sera plus vulnérables que l'année dernière. L'an dernier, 400 communes ont été privées d'eau entre septembre et janvier."

Q: Le bassin Adour Garonne est-il le plus touché par la sécheresse?

R: "C'est le plus grand bassin, 26 départements, 23% du territoire national, et le plus exposé au changement climatique. Le bassin Rhône-Méditerranée est aussi très exposé, mais il bénéficie d'un apport d'eau froide venue des Alpes. Le Rhône a un débit moyen sept fois supérieur à celui de la Garonne. Ici, nous avons plein de petites rivières avec de faibles débits. L'an dernier sur 128.000 km de rivières, la moitié a connu des périodes +à sec+. Historiquement, les Pyrénées ont une fonction de réservoir d'eau pour le bassin, mais le faible enneigement 2022/2023 n'a pas permis une réalimentation par la fonte des neiges, ni des Pyrénées, ni du Massif central. Et pour 2050, on prévoit une baisse de 60% du taux d'enneigement dans les Pyrénées en hiver".