La ministre des Outre-mer Annick Girardin, à La Réunion depuis trois jours pour rencontrer les "gilets jaunes", s'est dit vendredi favorable à une réforme de l'octroi de mer, taxe locale sur les produits importés et locaux, jugée responsable de la cherté de la vie.
"Je vous ai entendu, cette taxe est difficile à accepter sur certains produits, nous devons donc rechercher le juste taux", a déclaré la ministre vendredi soir, au quatorzième jour de mobilisation sur l'île des "gilets jaunes", qui réclament notamment la supression de cet impôt spécifique aux outre-mer.
L'octroi de mer, qui porte à la fois sur les produits importés, et, à des taux moins élevés, sur les produits locaux, est destiné à financer les communes. Le taux de cet impôt est fixé par le conseil régional.
Le président de la région Didier Robert a dit vendredi "son souhait de mettre à plat la question de l'octroi de mer. C'est une bonne chose, c'est même indispensable aujourd'hui", a souligné la ministre, qui a évoqué une "consultation citoyenne" sur ce sujet. Elle a souhaité que "le travail démarre dès demain, et que sous trois mois, nous puissions définir les contours de cette réforme".
La ministre, qui a dû être exfiltrée par son service d'ordre lors d'une rencontre vendredi matin avec les gilets jaunes, au lendemain de l'annonce de mesures sociales qui n'ont pas convaincu les manifestants, a aussi annoncé "une opération vérité sur les prix des biens de consommation courante, rayon par rayon", au travers d'une mission menée par deux "délégués" de l'Autorité de la concurrence.
"Les études le montrent : l'indice des prix à la consommation demeure structurellement plus élevé outre-mer que dans l'hexagone", avec "des prix des produits alimentaires jusqu'à 40 % plus élevés qu'en métropole", a-t-elle dit.
Mme Girardin a aussi souhaité une "baisse immédiate d'au moins 10%" du prix du panier moyen réunionnais (un "bouclier qualité prix" composé de 109 produits pour un montant de 290 euros en 2018), mais aussi la création d'un "panier Péi", pour relancer la production locale, et "qui permettrait à une famille modeste de 4 personnes de préparer au moins un repas Péi par jour".
Elle a enfin annoncé que 50 Réunionnais, tirés au sort parmis ceux qui se porteront candidats, participeront à l'Observatoire des prix de La Réunion.
Mme Girardin a aussi annoncé "une enveloppe de 1,5 million d'euros en 2019 pour les associations" et un plan de l'économie sociale et solidaire avec "un appel à projets de 2 millions d'euros" à La Réunion.