La reproduction sociale est très forte au sommet de la hiérarchie des emplois (étude)

La reproduction sociale est très forte au sommet de la hiérarchie socioprofessionnelle en France, particulièrement au sein de la fraction la plus élevée des professions libérales, relève une étude de deux sociologues publié jeudi.

Thomas Amossé, du Conservatoire national des arts et métiers, et Milan Bouchet-Valat, de l'Ined, se sont intéressés aux 3% des professions situées au sommet de la structure socioprofessionnelle.

Ils y distinguent un groupe économique (chefs d'entreprise et cadres dirigeants), un autre culturel (professions de haut niveau de la fonction publique, enseignement, recherche, santé hospitalière, culture) et un dernier économique et culturel (l'élite des professions libérales de la santé, du droit...).

Ce dernier groupe se distingue par les diplômes et les revenus les plus élevés, presque tous ses membres ayant un Master ou plus et leur revenu moyen à temps plein atteignant 7.800 euros net mensuels.

Au sein de l'élite socioprofessionnelle, la reproduction sociale est très forte "en raison principalement de la sévère sélection sociale pesant sur l'accès à cette position quand on est issu du bas de l'échelle sociale", notent les chercheurs. Ainsi, seules 1,1% des personnes dont les parents occupaient un emploi peu qualifié exercent une de ces professions de haut niveau.

Les chances relatives d'accéder à un emploi de l'élite plutôt qu'à un emploi peu qualifié sont 65 fois plus élevées pour ceux dont un parent appartient à l'élite par rapport à ceux ayant des parents peu qualifiés. Pour le groupes des professions libérales, le plus sélectif des trois, ce nombre s'envole même à 144.

Ce groupe est "le plus favorable à la transmission de positions sociales entre générations" tandis que l'élite économique est la moins sélective socialement.

Cette forte tendance à la reproduction sociale au sein de l'élite socioprofessionnelle est liée à "des stratégies d'orientation scolaire et d'insertion professionnelle spécifiques, à des alliances conjugales sélectives et à un entre soi résidentiel", souligne la publication.

L'ascension de transfuges de classe ou le déclassement social restent néanmoins possibles, mais ne pèsent pas lourd statistiquement.

Les transfuges de classe représentent 6,9% de l'élite. Ils se retrouvent plus souvent dans le groupe économique (50%) que dans les groupes culturel (27%) et économique et culturel (23%). Leurs pères sont plutôt des petits indépendants, exploitants agricoles, artisans ou commerçants.

A l'inverse, 7% des personnes en emploi de 35 à 59 ans issues de l'élite occupent un emploi peu qualifié.