La qualité des eaux de baignade en Bretagne "n'est pas satisfaisante", a dénoncé jeudi l'association Eau et Rivières de Bretagne qui reproche à l'Agence régionale de santé (ARS) de ne pas corriger ses classements alors qu'ils omettent des prélèvements faisant état d'une pollution.
"On a pu mettre en évidence (...) que les classements des eaux de baignade ne reflétaient pas vraiment l'état des eaux", a expliqué Laurent Le Berre, délégué départemental de l'association lors d'une conférence de presse à Brest, pointant du doigt "certaines pratiques" de l'ARS.
"L'ARS écarte des échantillons pour ensuite en mettre des meilleurs de façon à augmenter artificiellement la qualité des eaux de baignade", a expliqué Brieuc Le Roch, juriste de l'association bretonne.
Alors que les pollutions bactériologiques sont souvent liées à des événements pluvieux --l'eau de pluie lessivant les sols et pouvant faire déborder les réseaux d'eaux usées--, les plages bretonnes sont fermées préventivement lors de l'annonce de phénomènes pluvieux, explique l'association qui assure que pendant des années l'ARS a "considéré qu'un prélèvement réalisé pendant une fermeture préventive" de plage "pouvait être éliminé" de ses calculs.
"Évidemment sur le plan sanitaire le fait de fermer préventivement les plages face à des phénomènes de pluviométrie est une chose qui est louable mais ce n'est pas en retirant les baigneurs de l'eau que sa qualité va s'améliorer", a regretté Brieuc Le Roch.
En août 2020, l'association avait déposé plainte contre l'Etat devant la Commission européenne, l'accusant de "détourner" la réglementation européenne sur la qualité des eaux de baignade.
Si depuis cette plainte, l'association assure ne plus avoir constaté de suppression par l'ARS de prélèvements faisant état d'une pollution dans l'estimation de la qualité des eaux de baignade, elle souligne que ces classements portent sur quatre années.
"Les erreurs commises depuis 2016 ont donc faussé le classement de nombreuses plages, et les fausseront encore pendant plusieurs années", note l'association dans un communiqué, disant avoir demandé à l'ARS de corriger ses classements erronés.
"Deux mois après cette demande nous n'avons toujours aucune réponse de l'ARS", regrette Eau et Rivières, qui compte saisir le tribunal administratif afin d'obtenir les "véritables classements des plages bretonnes".
Sollicitée, l'ARS n'était pas en mesure de répondre dans l'immédiat.